Tout le monde dehors !

8 mars et le femwashing

Le 8 mars est une journée que je passe normalement les yeux en l’air (et je ne dois pas être la seule). Franchement, entre les gens qui en font une espèce de Saint-Valentin pour féministes, “c’est la journée des femmes non, t’es une femme, tu veux des chocolats ou des roses chez Franprix ?”, les médias qui essaient d’avoir la prise de parole la plus vulgaire pour s’assurer de bien prendre toute la place pendant cette “journée particulière” (Libération, on n’oubliera pas cette lettre de violeur en première page pour le 8 mars 2021, encore aujourd’hui j’ai la gerbe rien que d’y repenser), et tout un système capitaliste qui essaie de surfer dessus à grands coups de : “regardez, on a une femme dans nos équipes/sur nos affiches/sur nos t-shirts, on adore les gonzesses, filez nous des ronds”, franchement, ça donne envie de se recoucher pour mater des vidéos tiktok sur les dramas entre Justin, Hailey Bieber et Selena Gomez (où d’ailleurs il n’est jamais présenté comme le sac à merde de l’histoire, ça mériterait encore un autre article et il y a de supers bouquins qui sont sortis dernièrement sur la rivalité féminine pour compléter tout cela).

C’est une longue phrase d’introduction, désolée, mais c’est pour montrer à quel point je suis soulée.

2023, on en est encore là

Le constat que je peux aussi faire, c’est qu’une fois que j’aurais bien regardé en l’air, ça ne fera pas changer grand chose. Ronchonner, mais ne pas agir alors qu’on nous offre une “opportunité” pour parler et/ou revendiquer nos droits, ça ne fera pas avancer les causes. Ça ne changera pas le fait qu’on se fait actuellement avoir sur la réforme des retraites (comme toute personne d’ailleurs, mais bon, on sait qui prend le plus, et encore une fois ce sont les femmes), que nos soeurs dans de nombreux pays (Iran, mais aussi l’Ukraine ou encore certains états des USA et c’est en oublier plein d’autres) se font piétiner leurs droits, remis en question pour la 8000ème fois, et qu’en 2023, nous sommes toujours obligées de gueuler et de manifester pour faire comprendre que nous sommes des personnes à part entière de la société, qui méritent les mêmes droits et les mêmes avantages que les grands gagnants du capitalisme, les hommes blancs cis hétéros.

Tout le monde dehors

Ce système patriarcal nous fait le cadeau d’une seule putain de journée dans votre calendrier alors ? Fallait pas. Non vraiment, vous êtes trop bons. Et bien on va multiplier ça par trois, parce que c’est comme ça. Le 6, il fallait être dans la rue pour une Marche de Nuit féministe, sans vous, pour redire les termes et les redire fort, parler des féminicides (on en est a 26 depuis le début de l’année au moment où j’écris ce papier), du sexisme, de la transphobie (le 31 c’est d’ailleurs la journée internationale de la visibilité trans, notez-le), de la grossophobie, de la lesbophobie et de la misogynie qu’on se prend quotidiennement, parfois même sans vous rendre compte alors qu’on S’ÉPUISE LITTÉRALEMENT à vous expliquer depuis des décennies que souvent, quand vous parlez, vous dites de la merde et qu’on n’en peut plus.

Le 7, on est en grève, parce qu’en plus d’être une femme, on est citoyennes (si si, je vous assure, même si comme l’a dit Adèle Haenel, ça se voit pas quand on regarde notre gouvernement) et qu’on va encore se faire fumer par votre nouvelle réforme des retraites parce que vous préférez vous en prendre à la majorité plutôt que d’aller chercher les sous chez vos copains ultra-friqués. Vous qui êtes si fâchés par le fait même que nous existions, vous allez voir ce que ça fait une journée dans un monde qui semble vous faire rêver, un monde sans nous que vous faites constamment chier.

Et le 8, ce fameux 8 mars, journée internationale des droits des femmes (oui c’est ça le terme officiel en France, retenez le une bonne fois pour toutes, c’est fatigant à la fois), on ira dans les rues de toute la France se réapproprier cette date pour laquelle, on le sent, vous allez encore préparer des dingueries. En marchant (et n’hésitez pas à vous renseigner, certains cortèges sont non mixtes, ralliez celui de votre coeur), on fera valoir qui on est, ce qu’on veut et ce qu’on mérite, ce qu’on mérite tous et toutes. Un meilleur monde.
Très bonneS journéeS.

(et Team Selena mais on en parlera après).