Quatre clichés sur les lesbiennes décryptés

On a lu ça ailleurs et on vous le traduit. Article à lire en version originale sur le site AfterEllen.

Tout le monde connait la boutade : qu’est-ce qu’une lesbienne ramène au second rendez-vous ? Un camion de déménagement ! Hahaha. Vérité cachée ou légende urbaine ? Peut-être un peu des deux.

Il existe très peu de données sur la vitesse à laquelle les lesbiennes emménagent ensemble, aussi il convient de relier d’autres données pour appréhender le problème. Selon une étude datant de 1978, 90% des premières relations des lesbiennes interrogées duraient entre un et trois ans. Une autre étude de 1988 indiquait qu’une relation lesbienne durait en moyenne six ans. Histoire de comparer, sachez qu’une étude de 2014 estimait que la durée moyenne d’une relation hétérosexuelle était de deux ans et neuf mois.

Si la différence entre la durée d’une relation lesbienne et d’une relation hétérosexuelle semble considérable de premier abord, il faut savoir que 54% du panel de l’étude de 2014 estimait que les réseaux sociaux avaient joué un rôle dans le déclin de leur relation, une donnée qui n’entrait pas en compte lors de l’étude sur les couples lesbiens. Dans un article paru en 1998 dans Journal of Marriage and the Family, le professeur de psychologie Lawrence Kurdek notait que les relations gays et hétéros se dégradaient à la même vitesse et suggérait que si la communauté lesbienne avait également été interrogée, la durée moyenne de leur relation serait comparable à celles des autres panels.

Par ailleurs, si en entrant dans un bar gay, vous avez l’impression que tout le monde est en couple, statistiquement, c’est bien le cas. Une étude affirme que 75% des lesbiennes sont en couple, contre 56% des hétérosexuels. Ce simple chiffre suggère que quelle que soit la durée des relations entre femmes, les lesbiennes se remettent en couple plus vite que les hétéros. Et la boutade du déménagement se confirme.

Qu’en est-il de la tendance « à ne faire qu’un » – cette propension qu’ont certains couples à s’habiller de la même façon, partager les mêmes intérêts, et à fusionner leurs identités dans le désarroi le plus total de leurs amis ? Il n’existe malheureusement pas d’étude à ce sujet (opportunité de sujet de thèse !), concentrons-nous donc plutôt sur les études visant les séparations. De nombreuses études, en Belgique,  au Danemark, aux Pays-Bas, en Norvège, Suède et aux Etats-Unis tendent à prouver que les lesbiennes divorcent deux fois plus que les gays et les hétéros. Si les relations lesbiennes durent autant voire plus que les relations hétéros, pourquoi les lesbiennes ne parviennent-elles pas à doubler le taux de mariage ?

La réponse est plus liée au genre qu’à l’orientation sexuelle : les femmes craignent moins d’envisager une rupture que les hommes. Aux Etats-Unis, par exemple, 66-80% des divorces hétérosexuels sont à l’initiative des épouses. Les femmes qui veulent en finir avec leur mariage demandent le divorce plus tôt que les hommes. La logique veut donc que dans un couple de femmes, la probabilité que la relation se termine vite augmente.

Des sociologues ont émis une hypothèse sur la raison pour laquelle les femmes mettaient fin à leur relation aussi vite : les femmes semblent être à la recherche de relations « plus qualitatives » que les hommes. Les femmes auraient un degré de satisfaction plus élevé que les hommes, et si ce dernier n’est pas atteint, alors la relation se termine. Ce n’est évidemment pas la seule théorie. Une autre, par exemple, soutient que les personnes ayant divorcé une fois seront plus enclins à divorcer à nouveau, et avance l’hypothèse que le fait que certaines femmes aient déjà divorcé d’une précédente union hétérosexuelle affecte le succès de leur futur mariage lesbien.

Quant est-il enfin de la redoutée « sur-communication lesbienne » – ces conversations interminables durant lesquelles les couples sur-analysent, sur-commentent leur relation quitte à s’user jusqu’à la corde ? Ce processus semble avoir été traité scientifiquement puisqu’une étude du renommé thérapeute John Gottman et du professeur en psychologie Robert Levenson conclut que les lesbiennes communiquent bien. Elles utilisent moins de « tactiques de contrôles et d’hostilité », telles que la belligérance, la domination ou la peur, que les personnes hétérosexuelles. Elles montrent également plus d’affection, d’humour, d’excitation et d’intérêt. En bref, elles expriment davantage leurs émotions. Après une dispute, les lesbiennes ont plus tendance à rester positives et prennent moins personnellement les critiques. L’étude affirme également que les lesbiennes qui manifestaient le plus de tension durant les disputes étaient aussi celles qui étaient le plus satisfaites de leurs relations, justifiant l’idée selon laquelle nous nous accommodons très bien de nos dramas. Ce qui confirme plutôt bien le stéréotype de la « sur-communication lesbienne ».

Pour finir, que penser du stéréotype selon lequel toutes les lesbiennes adorent les chats ? Cliché confirmé ! Si seulement 62% de la population détient un animal de compagnie, le chiffre monte jusqu’à 86,9% pour les lesbiennes. Parmi lesquelles, 60,2% ont un chat et 52,9% un chien. Les lesbiennes sont définitivement plus team chat que team chien.

 

Lubna

Grande rêveuse devant l'éternel, Lubna aime les livres, les jeux de mots et les nichoirs en forme de ponts. Elle écrit sur l'art, avec un petit a : bd, illustration, photo, peinture sur soie. Twitter : @Lubna_Lubitsch