Clap de fin pour Drag Contest saison 4

Damoiseaux, damoiselles, damoisiels, bonjour !
(salutation à lire avec la voix de Mademoiselle Kiss, je vous prie).

Si une compétition de drag débute avec la diffusion du premier épisode de Drag Race France saison 2, il en est une autre qui vient tout juste de s’achever en beauté. Il s’agit de la 4ème saison de Drag Contest, clôturée par une finale d’anthologie au Petit Bain le 23 juin. Mais avant de vous en narrer les délices, petit retour sur ces sept semaines de compétition qui ont eu leur lot de surprises à offrir.

Une compétition en six épisodes

Pour rappel (et pour les quelques personnes qui n’ont rien suivi et qui débarquent… promis, ça va bien se passer), Drag Contest, c’est une compétition de drag lancée en 2020 et qui se déroulait en ligne. Un cast de queens réalisait chaque semaine un look sur un thème imposé, posté sur l’Instagram et le site de Drag Contest, et les internautes étaient appelé.es à voter pour leur préféré. Or, pour cette 4ème saison, il y avait du nouveau…

C’est ainsi que je me suis retrouvée à cliquer sur une vidéo Youtube pour voir apparaître sur mon écran huit queens en civil faisant le pied de grue devant le Conservatoire du maquillage de Paris. Et oui, cette année, le concours était filmé. Deux caméramen étaient nos yeux et nos oreilles pour assister aux backstages de la compétition et observer les queens préparer leurs looks. Le tout étant monté par le producteur, Adan Biraud, qui réfute dès le premier épisode une possible ressemblance avec RuPaul’s Drag Race. Ici, pas de script, pas de financement par une grosse boîte de prod, pas de volonté de faire une série ou une téléréalité. Juste cette envie de nous permettre de passer la porte du Conservatoire avec les queens. Une envie partagée, en ce qui me concerne. Surtout à la seconde où Mademoiselle Kiss apparaît sur le palier, révélant un choker qui serait si merveilleux autour de mon cou…

Une fois la porte franchie, la compétition était lancée pour 6 épisodes autour des thèmes suivants : look d’introduction, Tim Burton, Monochrome, Celebrity, Apocalypse et Le futur du drag. Pour se challenger sur ces thématiques, on retrouvait les Parisiennes Esther, Jenny FTBN, Sinistra, K-zu et Opal.e, ainsi que des queens venues leur montrer que le talent ne se trouve pas que dans la capitale : Rose Hades (Cannes), Eros (Cannes, aussi) et Rose Tental (Strasbourg). Une sorte de « Paris vs the world » qui s’est retrouvé vite assez naturellement dans la géographie de l’atelier… Certaines ont participé à des saisons précédentes de Drag Contest, tout comme Mademoiselle Kiss, candidate lors de la saison 2, qui prend cette fois la place de présentatrice. Chaque épisode est rythmé par ses interventions, ainsi que celles d’un narrateur et du producteur qui, armé de son clavier lors du montage, n’hésite pas à apporter un peu de shade pour nous faire plaisir ! Pour distraire un peu les queens durant les deux à trois heures qui leur sont allouées pour réaliser leur look, des guests des saisons précédentes passent la porte de l’atelier à chaque épisode. Velma Velour, Anetha Black… et d’autres queens tout aussi iconiques que je vous laisse découvrir par vous-mêmes. Même chose pour les épisodes ! Ils sont disponibles sur Youtube et je vous encourage vivement à aller les voir pour vous faire votre propre avis sur les looks, même si personnellement j’ai quelques coups de cœur que je vous partage ici.

Le look « monochrome » d’Esther

Le look « d’introduction » de Rose Tental

Le look « apocalypse » d’Opal.e

Et ce ne sont là que quelques-uns des looks pour lesquels les internautes pouvaient voter lorsque la compétition battait son plein. Mais, avec une petite nouveauté pour cette saison. L’évolution de cette nouvelle formule de Drag Contest tenait aussi à une appli « Drag Contest » sur laquelle chacun.e pouvait attribuer une note de 1 à 10 aux looks des candidates et accéder à du contenu exclusif. Un classement était établi à la fin de chaque semaine et les queens ayant récolté les notes les plus élevées sur leurs looks à la fin des six épisodes accédaient au dernier affrontement lors de la finale, dont je vais vous parler de ce pas.

Une finale au Petit Bain, mais dans la cour des grandes :

Ça fait un moment que je patiente, assise dans un coin de la salle de concert du Petit Bain, en cette soirée du 23 juin. L’heure de début du show est déjà bien dépassée, mais ça ne fait rien. Je sais que les queens sont en pleine effervescence derrière la porte des coulisses pour nous éblouir, et que ça prend du temps de devenir irrésistible. Et puis, le lieu est agréable. Il fait frais dans cette cale, et des enceintes diffusent Babylon de Lady Gaga. Je suis venue seule, car l’amie qui devait m’accompagner m’a plantée, alors j’observe les gens autour de moi. Beaucoup de parents, d’ami.es, de queens. J’essaye de surmonter ma timidité pour sociabiliser, mais je suis une useless sapphic. Alors le temps que je me décide à aller parler à une jolie blonde venue visiblement seule elle aussi, le show commence. D’un même mouvement, la foule dispersée se rassemble devant la scène pour aller à la rencontre de Mademoiselle Kiss. Elle est resplendissante, vêtue d’une robe en mailles qui scintille sous la lumière des projecteurs. Le tissu ajouré dévoile la peau, et une poitrine dénudée sur laquelle je m’excuse d’avoir souvent louché, mais les magnifiques nippies dont elle était ornée attiraient inexorablement mon regard. Drapée d’un boa de tulle blanche, elle appelle au micro les queens, qui n’ont clairement pas à rougir de se tenir à ses côtés. Chacune nous offre un look splendide pour recevoir ses applaudissements, avant de retourner en coulisses pour revêtir la tenue prévue pour sa performance. J’ai été très sensible au look cygne de Rose Tental, dont les plumes ont pris une tout autre dimension un peu plus tard dans la soirée, à la danse titubée d’Opal.e, qui sait mettre de l’engagement dans son drag, mais aussi à la nonne so fabulous d’Eros, qui a fait sourire l’ex-élève d’une prépa catholique conservatrice que j’étais, ou encore à la perf d’Esther, dont je n’ai jamais partagé les vidéos que j’ai filmées car on m’entend glousser de bout en bout et que c’est embarrassant. À la suite de ces magnifiques performances, Mademoiselle Kiss annonce les noms des quatre queens que les votes ont désignées pour accéder à la deuxième partie de la finale. Et c’est Esther, Rose Tental, mais aussi Sinistra et Jenny FTBN qui l’emportent. C’est entièrement mérité pour ces dernières, au vu du show qu’elles nous ont délivré ce soir-là avec leurs danseurs (surtout pour Jenny qui s’est attaquée au show du Superbowl par Beyoncé. Respect !). Déception pour Eros et Opal.e qui n’ont pas démérité, mais l’heure est venue pour elles et pour nous d’en prendre de nouveau plein les yeux de la part des queens encore en lice pour le titre de gagnante.

C’est Rose Tental qui ouvre le bal. Je vous avais parlé de ses plumes de cygne, si vous vous souvenez bien. Pour cette finale, elles se terminent par des aiguilles. Une à une, elles finissent fichées dans la peau de Rose, qui entame sous nos yeux une métamorphose en oiseau blanc sur une version très sombre de Toxic.

C’est Rose Tental qui ouvre le bal. Je vous avais parlé de ses plumes de cygne, si vous vous souvenez bien. Pour cette finale, elles se terminent par des aiguilles. Une à une, elles finissent fichées dans la peau de Rose, qui entame sous nos yeux une métamorphose en oiseau blanc sur une version très sombre de Toxic. Mademoiselle Kiss avait conseillé aux âmes sensibles de détourner le regard, mais alors que je me retourne pour vérifier que personne ne s’évanouit devant une performance aussi impressionnante, je ne vois que des visages scotchés par ce qui se déroule sur cette scène. Je n’avais jamais vu ça auparavant dans un drag show… mais c’est peut-être que je ne sors pas assez de chez moi ! Toujours est-il que je suis remuée quand Sinistra s’élance à son tour. Un moment d’élégance bienvenu pour se remettre de ses émotions, avec un lip-sync sur Hiroshima de Lous and the Yakuza. Un délice que de voir sa grande silhouette se mouvoir dans la lumière des projecteurs qui nimbent sa wig comme une auréole. Une apparition qui s’achève lorsqu’Esther prend le relais. Je reconnais immédiatement la tenue qu’elle porte. Elle l’avait lors de la dernière édition de La Casse-Noisette (dont je vous reparlerai avec plaisir dans un autre article). Je savais donc que ce qui allait se passer allait me ravir. Les premières notes de Bring on the men retentissent. Les sports rougissent. J’en fais de même. La robe blanche tombe, comme une ingénuité qui s’en va, suivie bientôt de la noire qu’elle gardait en dessous. Alors que la chanson s’enchaîne, Esther révèle un ensemble de lingerie ravageur. Strass, cuir, choker (je vous ai dit combien j’aimais les chokers ?)… Pour finir en apothéose avec une chair dance envoûtante, qui me laisse en gay panic. Mais je me remets vite, car voici venir Jenny FTBN pour clôturer la soirée par une perf qui m’a beaucoup émue. Yeux cachés par la frange de sa wig, Jenny entame un lip-sync sur Confetti de Sia. Seules ses mains bougent en sortant d’un costume à franges avec lesquelles jouent son danseur. Et rien qu’avec ça, elle en raconte, des choses. Jusqu’à une transition impeccable avec Chandelier, où elle reveal un nouveau costume plus pratique pour la danse à laquelle elle se livre avec le danseur. J’ai encore à l’esprit le petit mouvement de tête qui lui permet de se débarrasser de sa frange pour enfin nous voir. J’espère qu’elle a perçu l’émerveillement dans les yeux du public. Il y en avait dans les miens, car je vivais un de ces moments qui me font dire combien je suis heureuse d’avoir la chance de pouvoir aujourd’hui assister à ce genre d’enchantement. Ledit moment s’achève sur Unstoppable, et il est temps de désigner la gagnante du concours. Ça va se jouer à l’applaudimètre, visiblement. Alors je vous laisse imaginer l’état de mes tympans. Mais c’est pour la bonne cause ! Je suis comblée car ce sont mes deux favorites qui restent sur scène, à savoir Esther et Jenny. Et, après un dernier round de hurlements pour soutenir sa candidate préférée (Esther a eu raison de mes cordes vocales, je l’avoue), Mademoiselle Kiss dévoile enfin le nom de la successeuse de Vajinette. Esther l’emporte sous les ovations du public, et est sacrée grande gagnante de la saison 4 de Drag Contest au terme de cette soirée de finale. Une soirée dont je ressors avec des étoiles dans les yeux. Allumées par la qualité des performances et la beauté des looks, mais également par l’énergie solaire du public dans lequel je me suis fondue l’espace de quelques heures. Des proches, pour la majorité, venu.es encourager la reine de leur cœur. Des parents, des frères et sœurs, des ami.es et d’autres queens. Comme cet ami de Rose Tental, venu de Strasbourg, qui l’acclamait et la filmait à chaque passage. Comme la sœur de Mademoiselle Kiss, qui nous a fait signe que tout allait bien après qu’elle ait manqué d’être assommée par la robe que Jenny FTBN a jeté hors de la scène durant sa performance. Et surtout comme la mère de Sinistra, que cette dernière nous a pointé du doigt en disant avec émotion qu’elle était au premier rang et que c’était la première fois qu’elle la voyait performer en drag. Un public et une ambiance chaleureuse, enfouis au sein de cette cale. Quelque chose de beau et de profondément vivant. Et c’est aussi ça, le drag.

Un grand merci donc au public de ce soir, à toustes celleux qui ont suivi et voté pendant cette saison de Drag Contest, mais évidemment aussi aux queens pour nous avoir offert du rêve, au Petit Bain pour leur avoir fourni une scène, et enfin à toutes les personnes qui ont travaillé de près ou de loin sur Drag Contest pour nous emmener dans les backstages. On se dit à l’année prochaine pour la 5ème saison. Moi j’y serai, et vous ?