Je n’ai pas aimé Tár

Tar est le nouveau film qui met en scène Cate Blanchett dans le rôle d’une cheffe d’orchestre dont la vie s’écroule. Ok, c’est beau, mais bordel, il a voulu dire quoi le réalisateur ?

Je commencerai cette première critique cinématographique de 2023 par un ras-le-bol. Ras-le-bol des films qui durent plus de deux heures. Franchement, on n’a pas votre temps. Si vous pensez que tout est génial dans votre long-métrage et que vous ne voulez pas couper votre génie, prenez l’air et demandez à quelqu’un d’extérieur d’enlever vos longueurs, bordel. On rentre dans le cinéma après déjeuner et on en ressort il fait nuit ? Vraiment, c’est pas sérieux. Soyez efficaces, soyez concis, bordel, on ne vous en sera que plus redevables.

Mais revenons à nos moutons. Tár, c’est le nouveau film de Todd Field qui est sorti ce mercredi 25 janvier dans les salles françaises et qui est en train de tout rafler sur son passage. Cate Blanchett a d’ailleurs de grandes chances de remporter cette année l’Oscar de la meilleure actrice avec ce rôle, qui lui va divinement.
L’actrice incarne Lynda Tár, une cheffe d’orchestre et compositrice magnétique, au talent et succès incomparable, dont la vie et la carrière s’écroulent sous nos yeux ébahis après avoir été la cible de nombreuses accusations. Un personnage qui serait inspiré de la célèbre Marin Alsop, une cheffe d’orchestre américaine ayant peu aimé le film, voyant dans ce personnage charismatique mais souvent peu sympathique une façon de «renforcer ces stéréotypes millénaires que les hommes ont sur les femmes».

 

Cate Blanchett, coeur avec les doigts

Bien sûr Cate Blanchett est super et superbe dans ce rôle. Comment pourrait-il en être autrement. Elle est puissante, charismatique, flippante, abîmée et grande, franchement si il y a encore besoin de préciser que c’est une grande actrice il faut dire aussi que le soleil brille et que les oiseaux chantent. Noémie Merlant y est aussi troublante, juste comme il faut, jouant l’assistante de Blanchett, et on ne cesse pendant le film de se demander quelle relation lie les deux femmes, et les sentiments qu’elle porte à cette boss. La photo est magnifique et froide, c’est beau comme un magasin scandinave à l’esthétique minimale où on a peur de tout déranger. Il y a aussi une aura de mystère qui entoure le film, une tension qui se dérobe à chaque fois qu’on s’approche un peu d’une réponse, et qui fait de Tár un très joli objet esthétique et énigmatique. Franchement, c’est beau.

 

Que veut dire Tár  ?

Mais je dois avouer qu’au-delà de tout cela, je n’ai pas aimé Tár. Déjà, pour sa certaine inaccessibilité. Je n’y connais rien en musique classique contemporaine, et j’ai trouvé que ça en rajoutait des couches et des couches avec plein de références que peu auront, ou en tout cas que je n’ai pas du tout. Un étalage de “je connais bien mon sujet hein ? Bah regardez comment j’en mets partout pour bien prouver que je sais de quoi je parle” qui m’a un peu gonflé et qui a mis une vraie distance entre moi et le film.

Et puis, en vrai, je n’ai pas compris le but de Tár. Je m’interroge sur les intentions de Todd Field. On lit partout que c’est un long-métrage sur le pouvoir, et que, wow, c’est intéressant parce qu’on est habitué.es à voir des hommes et là c’est une femme, lesbienne qui plus est, qui abuse du pouvoir entre ces mains et qui est une victime de ce que beaucoup appellent “la cancel culture”. Oh wow. Comme c’est original. Normalement ce sont les hommes qui sont des prédateurs, et là ça serait possiblement une femme, c’est fou hein, ça met bien en lumière le problème.

“Not all men…but some women too” ?

Quelles foutaises. Todd Field nous fait un peu un “Not all men…but some women too”, argument utilisé par toutes les personnes ne voyant pas le problème systémique de la société patriarcale et de sa violence. “Ouin ouin, ya aussi des femmes harceleuses, et c’est pas une question de genre, c’est une question de pouvoir”, c’est fatiguant en fait, surtout filmé par un homme. On a compris que vous ne voulez pas remettre en question votre statut, mais est-ce qu’on est obligé.es de payer 11 balles et prendre 3 heures de notre temps pour cet argumentaire lassant, en plus en mettant Cate Blanchett dans la sauce ? La flemme.

Bref, allez voir Tár si on vous paie la place, si vous avez assez de recul pour aimer le film ou si vous êtes un.e gros.se boss de la musique classique contemporaine (genre vous êtes le programmateur.rice des playlists Radio Classique). Sinon laissez tomber, ya plein de rôles où Blanchett est grandiose, et ne sert pas un discours relou et pas assumé, n’en déplaise à tous les critiques ébahis.