Jeune première recherche jolie MILF

Une fois n’est pas coutume, chère lectrice, je vais raconter ma laïfe. Depuis que j’habite à Paris, soit depuis le 7 Septembre 2010, 22H30, vol AF24567 en provenance de Rabat, il m’est arrivé deux trucs notables: j’ai réussi mon premier fondant au chocolat et l’histoire qui suit.

C’était un soir de Septembre 2011, Paris se couchait tortueusement le long des deux rives, nous nous apprêtions, mon atonie et moi, à pendre la crémaillère avenue Victor Hugo. Comme d’habitude, il me gagna un léger mal de crâne à la lecture de cette inscription : « 16ème arrondissement ». Tant bien que mal, je hissai ma dégaine bohème, faussement populiste jusqu’au 4ème étage d’un impeccable Haussmannien.

La maîtresse de maison, nouvellement propriétaire, m’accueilli chaleureusement. C’était une gentilledame, un brin aigrie ce soir-là par l’échec cuisant d’un investissement matrimonial qui lui avait valu une rétrogradation immobilière. Comprenez, elle quittait un hôtel particulier à Neuilly pour s’empêtrer dans les querelles d’une macabre copropriété.

D’abord, permettons-nous une digression. Qu’est-ce que je foutais là ? Moi, étudiante de 18 printemps alors fraîchement assis, sans le sous qui plus est. Eh bien, je dois dire que ce glissement stratosphérique au sein des couches solidement empilées de l’ordre social, je le dois en premier lieu à l’alcool joyeux.

Quelques jours avant cette fameuse soirée, nous buvions, mes camarades et moi à la santé d’un des nôtres qui s’en allait vertueusement, pendant un semestre, tâter les reliques abondantes de la culture russe. Quand soudain, nous entendîmes une dame geindre confusément car le scélérat qui la servait s’était trompé sur la cuisson de son Tournedos. Je m’empressai de contenter son désarrois en faisant signe au serveur de revenir expressément. Naturellement, elle me remercia de ma politesse.

Une heure plus tard, le doux parfum d’une dizaine de teq’paf plein les narines et les reins, nous nous décidâmes, mes amis et moi à solder nos derniers pécules dans un taxi. La gentilledame, qu’on appellera désormais GD, missionna le serveur afin de m’arrêter au moment où nous quittions la brasserie. Il me glissa à l’oreille que GD me proposait de lui tenir compagnie le temps d’une demi-bouteille. J’expédiai mes comparses sans explication, arguant simplement que je rentrerai plus tard.

GD se lança alors dans un récit romanesque sur ses deux précédents divorces. Elle me raconta comment elle avait réussi à plumer tour à tour ses époux et à s’assurer une rente confortable pour le restant de ses jours. Elle m’expliqua qu’elle venait souvent seule aux Editeurs admirer la valse des rendez-vous galants, des sourires trompeurs, des débats passionnés, des statuts qui se font et se défont.

La cinquantaine parsemait sur son visage, un apaisement inattendu. Les rides, désormais bien ancrées à la naissance de son front, aux coins de ses lèvres, brusquaient à peine la finesse de ses traits. Je découvrais son visage en même temps que je découvrais son histoire. Et quelque part, dans son implacable machinisme bourgeois, un regard charmé me revint à la figure. Il m’a fallu une bonne demi-heure pour comprendre que l’invitation n’était en aucun cas désintéressée…

Ce qui nous ramène, quelques jours plus tard, avenue Victor Hugo. J’avais promis à GD d’y passer moyennant une esquive de dernière minute le premier soir. Alors, forcément, quand elle me prit dans ses bras sur le pallier de son nouvel appartement, j’ai pensé : « Elle a cinquante ans, soit cinq ans de moins que ma grand-mère ». Je suis restée. Cinq minutes. Puis, j’ai prétexté une connerie. J’ai tracé en courant. Depuis, je regrette amèrement de ne pas m’être laissée tenter. J’espère qu’un jour prochain, ma MILF viendra.

Rania