Films cultes lesbiens : Kyss myg, de l’amour et des Krisprolls

Alors que nous nous interrogions sur vos scènes de sexe lesbiennes préférées, un nom de film surgit parmi tant d’autres, Kyss Mig soit littéralement « Embrasse-moi » en suédois. Premier film lesbien du pays du grand froid à être sorti sur nos écrans depuis Fucking Åmål en 1999. Les films lesbiens étant (presque) tous « scandaleusement nuls », Barbi(e)turix s’est posé la question de savoir si le film d’Alexandra-Therese Keining en valait vraiment la peine.

Alors, Kyss Mig pour le résumer en quelques lignes, c’est l’histoire de Mia (Ruth Vega Fernandez) et Tim (Joakim Nâtterqvist) qui annoncent leur mariage à celui du remariage du père de Mia, Lasse (Krister Henriksson), qui se remarie avec Elisabeth (Lena Endre), la mère d’Oskar et Frida (Liv Mjönes). Jolie portrait de famille recomposée, sauf qu’évidemment Frida est gouine et canon, du coup, Mia en vient à se poser des questions. Questions que bien sûr, elle se pose depuis l’adolescence mais qu’à presque 35 ans, elle n’a jamais pensé utile de résoudre avant. Donc pour résumer, Frida tombe amoureuse de Mia qui s’apprête à se marier avec Tim. Et là, les personnages vont se prendre le chou pendant 105 minutes.

Jusqu’ici, on se dit que cette histoire de gouines, réelle au passage puisque c’est inspiré de la vie d’une des actrices (Josefine Tengblad a priori, qui incarne Elin, la petite-amie de Frida) n’est pas une révolution dans le genre. Surtout que l’intrigue bateau de la nana hétéro qui pense faire une erreur juste avant le passage en CDI/mariage on en bouffe à toutes les sauces depuis toujours, comme si c’était un rituel chez nous lesbiennes de piquer les futures mariées en goguette. Alors, oui, on fronce du nez. On est sceptiques et surtout ça nous rappelle quelque chose… Imagine Me & You, pardi ! Mais si, Luce (Lena Headey) et Rachel (Piper Perabo), les deux nanas qui, après avoir vécu une expérience similaire, faisaient du touche-pipi dans les fleurs. Que de frissons.

(Petit aparté « que sont-elles devenues ? », Lena incarne maintenant Cersei Lannister dans Games of Thrones et Piper Perabo  végète en restant l’hétéro qui cumule les rôles de lesbiennes. Si si, c’était elle aussi dans Lost and Delirious, qui vivait une bluette avec Jessica Paré (Megan Draper dans MadMen) et Mischa Barton. Ne me remerciez pas pour ce travail d’investigation.)

Mais revenons à nos suédoises. On pourrait donc reprocher à Kyss Mig d’être plus ou moins l’adaptation suédoise d’Imagine Me&You. On grommelle donc du manque d’ingéniosité du scénario et là, histoire de nous achever un peu plus, on se dit que le prénom de Tim ne nous est pas inconnu. Bien sûr qu’il ne l’est pas ! Tim Haspel, le cocu le plus célèbre du petit écran. Tim de The L World, le Tim de Jenny ! Décidément, que de coïncidences. Et seul un cerveau de lesbienne peut faire toutes ses corrélations. Le quidam lambda voit seulement une histoire de gouines.

Le tour du « ça me rappelle quelque chose ! » étant terminé, on peut s’intéresser de nouveau au film. Fidèle au modèle cinématographique suédois qui affectionne les drames familiaux (Festen), Kyss Mig évolue dans une atmosphère à la Mélancholia (de Lars von Trier), en plus édulcorée et sans la menace de la grosse planète bleue évidemment. On nous livre deux jeunes femmes, l’une hétéro (Mia), l’autre lesbienne et fem (Frida) qui restent toutes deux ancrées dans un schéma social bien précis : blanches, la trentaine, cadres sup’ (Mia est architecte) et qui sont d’apparences assez bien de leur personne. Si tu es lesbienne et que tu es butch, alors ta seule possibilité est de les fantasmer, pas de pouvoir t’identifier. Oui, on avait oublié que les butchs faisaient peur aux spectateurs garçons, voir filles quelquefois.

Kyss Mig, comme il a été dit précédemment, est loin de révolutionner le cinéma lesbien, autant par son scénario que par les clichés qu’il continue à véhiculer. Mais heureusement, tout n’est pas à jeter. Le film est en lui-même assez agréable à regarder. Les Fjords biologiques, les forêts remplies de biches, élans et autres viandes nordiques qui broutent de l’herbe verte, les maisons aux intérieurs déco Ikéa et la musique du groupe français Nouvelle Vague ainsi que de la chanteuse Robyn, rétablissent la balance d’un scénario cousu de fil blanc.

Et pourtant, on en vient à s’attacher à Mia, la brune frigide et pincée qui va braver sa morale moyenâgeuse du « je suis promise à mon mari, alors je reste avec mon mari » pour s’enticher totalement de Frida, la blonde bobo spécialiste ès sentiments féminins. On a envie de secouer ses principes en même temps qu’on a envie de continuer à la voir jouir illégalement comme une adolescente dans des scènes de sexe assez réalistes mais malheureusement trop courtes et qui ne se mouillent pas trop niveau chorégraphie sexuelle.

On retiendra également la réaction des parents des deux jeunes femmes, dont la mère de Frida (que l’on retrouve également dans Millenium) semble plus ouverte d’esprit que son Lasse de mari. Elle livre ses craintes en tant que mère d’enfant lesbienne, à savoir peur de ne pas avoir de petits enfants et compagnie alors que le père de Mia trouve totalement incongru que sa fille Mia, sois lesbos. Que sa belle-fille le soit passe encore, mais pour sa propre fille, la pilule passe un peu moins bien. Du vécu. Ils s’en remettront pourtant tous les deux et l’on se dit alors (peut-être naïvement) que la vision de ce film, même s’il ne changera pas littéralement nos vies, pourra au moins être utile à une mère de famille toujours sceptique. Donc on continue à encourager le cinéma lesbien international et on jette un œil à Kyss Mig.

 

Disponible en streaming vostfr et en DVD.

À bientôt pour une prochaine critique de film culte lesbien !

 

An Si