Éloge de la sodomie

C’est un orifice qu’on oublie souvent dans nos pratiques, un trou dont on peut avoir honte, qui suggère des pratiques sexuelles encore bien taboues. Pourtant, l’anus peut se targuer d’être le seul orifice sexuel universel, commun à tous les êtres humains, procurant des plaisirs variés mais des plaisirs accessibles à tout le monde.

Si je vous en parlais déjà dans le fanzine bbx n°14, c’est parce que c’est un sujet qui me tient particulièrement à cœur. Pour le fanzine, j’avais eu quelques témoignages sur les pratiques anales de certaines ou de l’absence de ces pratiques des autres.

Aujourd’hui, je souhaite mettre le doigt sur ce qu’on entend particulièrement sur la sodomie et les stéréotypes qu’on peut souvent rencontrer.

« La sodomie, ça fait mal »

Et je ne vous dirai pas forcément l’inverse. Oui, la sodomie, ça peut faire mal, surtout si on nous prend par surprise, si on n’en a pas envie, si on n’est pas assez détendue. Ca peut aussi faire mal parce que lorsqu’on nous parle de cette pratique, le commun des mortels imagine que l’anus est automatiquement pénétré par un pénis.

Or, la sodomie, ce n’est pas que ça.

Il y a quelques années, j’avais entendu dans une conversation entre filles que la sodomie digitale n’était pas une « vraie » sodomie parce que ce n’était pas la bite qui entrait dans l’anus. Evidemment, dans notre société, une « vraie » relation sexuelle n’en n’est pas une sans coït.

Lorsque vous tapez sodomie sur google, vous tombez sur des guides pratiques de la sodomie. : Sur la plupart des sites internet féminins hautement pertinents, les guides que l’on vous propose ne parlent pas de la sodomie digitale. Tous les conseils qui vous sont donnés ne concernent qu’une seule chose : le plaisir plus accru de votre homme dans votre rectum plutôt que dans votre vagin, et la douleur éventuelle que vous ressentirez. On vous dira aussi que le plaisir que vous ressentirez ne sera pas fulgurant, mais que votre homme sera comblé.

Rien n’est dit sur le fait qu’une personne peut vous pénétrer avec ses doigts, parce que pour qu’ une relation sexuelle soit réussie, il faut à tout prix que l’homme ressente du plaisir et ne se fasse pas chier. Parce que foutre ses doigts dans votre anus, c’est « plus dégueu », puis « c’est comme des préliminaires, ça n’a aucun intérêt ! »

Bref. Ce qui m’amène à un autre stéréotype dans les relations sexuelles hétéronormées…

« Un mec qui aime se faire sodomiser, il est un peu pédé non ? »

Je ne compte pas le nombre de fois où j’ai pu entendre dans la bouche des garçons ou même des filles qu’un mec qui aime la sodomie est pédé. Ce genre de phrase est souvent dite avec un certain mépris déconcertant.

D’après ces personnes, les gays auraient donc le monopole du plaisir rectal. Dans ce cas  là, si un homme hétéro aime la sodomie, il est automatiquement considéré comme passif, et donc, homo.

Alors…que…Non. Tous les hommes peuvent ressentir du plaisir anal et il suffit pour cela de dépasser l’association d’une pratique à une orientation sexuelle.

Et puis, quand bien même ces mecs seraient en fait gays, qu’est-ce que cela ferait ?

Cette remarque est en fait complètement homophobe qui passe en douce dans les conversations de cul. Sur le site internet cité plus haut, lorsqu’on vous parle de sodomie, on ne vous en parle que dans un sens. Si une femme pénétrait un homme, même avec ses doigts, cela renverserait les rôles, l’homme serait humilié, puisque passif.

 « Mais l’anulingus, c’est dégueu quand même, l’anulingus »

Pas plus dégueu qu’un cuni ou qu’une fellation finalement. Le sexe, en soi, c’est quelque chose de sale. La transpiration sort des pores de votre peau, la cyprine gicle sur les draps, les salives se mélangent et tout bave. Mais en même temps, ce n’est pas sale. Le sexe, ce sont des liquides et des odeurs naturelles. C’est sale…oui, mais..en fait, non.

L’anulingus, c’est pareil. Puis il suffit simplement d’avoir une bonne hygiène pour cela.

C’est un peu comme lorsque vous appréhendiez de faire un cuni pour la toute première fois à une fille : peur de ne pas aimer son odeur, son goût, ses effluves.

« Puis, c’est tellement bon de mettre un doigt dans le cul »

Sur cette dernière phrase , je vous laisse avec cette vidéo d’arte sur l’anulingus.

Sarah
Photo de couv: Syntheticpubes

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.