POLY MON AMOUR, MES AMOURS POLY.

Il y a quelque temps déjà (deux mois exactement) je vous parlais du couple ouvert sur barbi(e)turix. Le couple dit ouvert n’étant qu’une configuration parmi mille autres.

Les relations, qu’elles soient amoureuses, passionnelles, affectives, sexuelles ou amicales peuvent prendre des milliers de formes différentes selon les personnes concernées, les personnalités, les sociétés dans lesquelles on évolue et les histoires de chacun et de chacune. Même parmi les couples monogames, les règles ne sont pas les mêmes et tout le monde construit ses relations comme cela lui convient le mieux.
Il en va de même évidemment pour les personnes polyamoureuses qui ne s’épanouissant pas dans des relations monogames, ont envisagé les relations libres. Plus simplement encore, la monogamie, tout comme la polygamie sont des constructions culturelles qui s’inscrivent dans une société donnée et dans l’histoire.
Il est presque impensable aujourd’hui pour la plupart des gens dans notre société occidentale d’envisager des relations poly tant la culture de l’amour et du couple monogame se sont ancrés en nous depuis la fin du XIVe siècle avec l’amour courtois dont parle Louis-Georges Tin dans son ouvrage L’invention de la culturelle hétérosexuelle.*

Cela est encore plus impensable aujourd’hui puisque l’organisation sociale et économique se repose sur la famille nucléaire hétérosexuelle « Un papa, une maman, deux enfants de sexes différents si possible, un chien, un chat au choix ».
Ce n’est pas parce qu’une structure est majoritaire dans une société qu’elle est plus légitime qu’une autre, d’autant plus qu’elle ne l’a pas forcément toujours été, ou qu’elle ne l’est pas dans les autres sociétés. Nous avons tendance en Occident de considérer notre modèle comme universel alors qu’il en existe des milliers d’autres partout dans le monde. Pourquoi notre modèle monogame serait-il plus justifié que d’autres ?
Si de plus en plus de personnes remettent en cause la monogamie aujourd’hui dans leur vie personnelle, cela ne veut il pas dire qu’en effet il est possible d’organiser nos relations de façons différentes ?
Je ne dis pas que tout le monde devrait être polyamoureux/euse, non, je dis tout simplement que cette remise en question du couple monogame concerne tout le monde parce qu’elle permet aussi de penser des relations plus flexibles,  même si elles sont monogames.

Je voulais aussi vous parler du polyamour parce que beaucoup de personnes se méprennent encore sur les natures de ces relations. J’écris au pluriel parce qu’il y autant de relations polyamoureuses que de personnes polyamoureuses. L’expérience d’une personne, ou même sa pensée et sa façon de voir les relations ne sera jamais la même qu’une autre. Il ne s’agit pas non plus d’ériger le polyamour en norme, ni même s’agit il d’établir des règles strictes à suivre dans le cadre de ces relations.

Quand on pense que 40 à 60% des couples monogames ont déjà connu l’adultère en France, on  ne peut que se poser la question de l’hypocrisie de la norme monogame mais aussi de l’honnêteté dans une relation. Je ne prône pas, ni ne prêche la transparence à tous points de vue, je pense que tout le monde agit selon sa conscience, sa force et son éthique mais ce qu’il y a de bien je crois avec le fait d’être dans des relations polyamoureuses c’est que tout est fait pour que tout le monde soit respecté dans son intégrité de personne. Dans l’ouvrage La salope éthique**, il est dit que pour que des relations libres soient sereines que tous les partis soient au courant de la forme de leur relation. Le but de ces relations est le bien être de tous, quel serait alors l’intérêt de cacher nos autres relations à notre partenaire ?

Le polyamour, au delà de son éthique, c’est accepter que l’amour n’est pas un sentiment de possessivité, accepter que l’autre puisse aimer d’autres personnes, tout comme c’est le cas pour les relations amicales. Nous avons tous et toutes plusieurs amies que nous aimons et considérons, de manières souvent différentes, certes, mais nous ne hiérarchisons pas nos amiEs, je crois. Il en est de même pour les personnes polyamoureuses qui vivent des relations avec des personnes qui parfois se complètent, ou pas, ou tout simplement des personnes qu’elles aiment, désirent, dont elles sont amoureuses et dont elle ne pourraient pas se séparer. N’est-il pas dommage de stopper une relation pour en commencer une autre alors que tout allait bien dans votre couple ?

Certes, il est difficile pour la plupart d’entre nous d’envisager des relations plurielles puisqu’on nous a appris qu’on ne pouvait qu’aimer qu’une personne à la fois et que la jalousie était le ciment du couple ; la possessivité, l’expression du sentiment amoureux.
Hors, il me semble que les personnes polyamoureuses ont accepté qu’aimer une personne c’était l’inverse de la posséder.

Il me semble essentiel de casser les clichés concernant les relations polyamoureuses ; qu’on confond souvent avec le libertinage (et par la même occasion, ces personnes portent un jugement moral sur les personnes libertines, exprimant ainsi une opinion négative sur la sexualité libre). Tout au long du mois d’Août, je vais donc vous présenter divers témoignages de personnes polyamoureuses, parce que le polyamour ne se conjugue pas au singulier.

Par ailleurs, la cinéaste Lutine a lancé un appel à dons pour un long métrage sur le polyamour (ou le lutinage) mêlant fiction et documentaire.
C’est un projet ambitieux qui manquait cruellement dans les médias et je vous invite donc à soutenir son projet de film qui verra le jour mais qui a besoin d’argent.

LUTINE – Film annonce pour souscription from Isabelle Broué on Vimeo.

Sarah

*L’invention de la culture hétérosexuelle de Louis-Georges Tin
**La salope éthique de Dossie Easton & Janet W. Hardy
Je vous conseille également de lire Guide des amours plurielles de Françoise Simpère

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.