Entre filles, qu’est-ce qu’on risque ?

La semaine dernière, le clip de prévention d’Emilie Jouvet pour Yagg, intitulé « Entre filles, on ne risque rien », remettait sur la table la question de la prévention des filles, encore trop passée sous silence. Avec près de 30 000 vues, son succès témoigne d’un manque d’informations accablant.

Tu es une fille, tu envisages d’avoir ce qu’on appelle un « rapport sexuel » avec une autre fille et tu veux faire comme tout le monde, te protéger. Oui mais comment ? Et contre quoi au juste ? Comment faire du sexe de manière « safe » sans pour autant y perdre du plaisir ? Comment se renseigner sans virer parano ? Comment se protéger sans avoir à s’enrouler dans un film plastique ?

Les virus qui font peur : les hépatites et le VIH 

L’hépatite B est une MST grave, invalidante, potentiellement mortelle (oui je sais, on commence fort). Il existe un vaccin et ça, c’est bien. Le virus est présent dans le sang et dans toute sorte de liquide biologique (dont la salive !) et, pour ne rien gâcher, il est très résistant à l’air libre.
Moyen de protection ? Evitez tout contact avec le sang de votre partenaire, limitez ceux avec la cyprine (ou « mouille »), fuyez la salive. En gros, emballez-vous dans du plastique !
 Plus sérieusement, vous pouvez commencer par faire une prise de sang. Vous saurez si vous êtes porteur ou non (car on peut être porteur chronique sans forcément être malade comme un chien). Si votre partenaire fait de même et qu’elle est négative, que vous êtes en couple stable, roulez jeunesse ! 
Si vous êtes plus « volage » parlez du vaccin à votre médecin.

L’hépatite C n’est pas considérée comme une MST et se transmet par le sang.
Moyen de protection ? Le plastique (c’est fantastique) ! Pendant les règles, je vous conseille d’ utiliser des gants. Attention, les rapports anaux sont plus « traumatiques », la muqueuse rectale étant fragile, elle peut saigner. Pour la sodomie, on pense donc aux petits gants en latex, noirs, blancs, roses, comme il vous plaira. Et on en change si on passe de l’anus ou vagin.

Le VIH ou « virus du SIDA » est lui aussi présent dans le sang et les sécretions.
Pour s’en protéger, idem que pour l’hépatite C. Par contre, contrairement aux hépatites, le VIH est un virus fragile qui ne vit que peu de temps à l’air libre, le risque de contamination est donc plus faible.
 Si votre partenaire et vous êtes dans un couple séro-différent (l’une VIH+ et l’autre VIH-), pensez à mettre en place un suivi et peut être un traitement. Si votre partenaire est négative, que vous évitez les rapports pendant les règles et les échanges de sex-toys, le risque (non nul) pourrait être considéré comme anecdotique.
Quoiqu’il en soit, faire des sérologies permet de poser les choses et d’être plus sereine dans votre vie sexuelle.

 

Les virus qui piquent : HSV 1 et 2 (herpès)

L’herpès ça pique, beaucoup, surtout dans la région génitale. Pour s’en protéger, c’est compliqué. Déjà, si vous avez une poussée d’herpès labial, évitez le sexe oral avec votre partenaire à moins de vouloir partager votre miasme dans un élan de fusion amoureuse. Sinon, il y a la digue buccale, sorte de carré de latex (ou autre) à mettre sur la zone que où l’on veut faire des choses. Pas franchement sexy mais c’est safe ++ surtout que le virus peut être présent sans qu’on le remarque.

 

Les virus invisibles : les HPV ou papillomavirus

Ce sont les crêtes de coq(condylomes) et c’est également le principal responsable du cancer du col de l’utérus. Vous ne pouvez pas vous en protéger, il est capable de traverser le préservatif. Non, pas de panique ! Contre ça, le dépistage ++++ c’est-à-dire un frottis à réaliser à partir de 25 ans puis tous les 3 ans chez une sage-femme, un médecin généraliste ou un gynécologue permet de détecter le virus. 
Il existe aussi un vaccin que l’on peut faire ado ou en début de vie sexuelle qui protège contre certains de ces virus, les plus souvent retrouvés lors d’un cancer du col de l’utérus. Jeune gouine, demande des conseils à ton médecin ou à une sage-femme !

 

Les IST bactériennes ou parasitaires :

Chlamydia, Mycoplasme, Gonococcie, Syphilis et Trichomonas. Atchoum. Comment les reconnaitre ?  Ça gratte, ça brûle, ça coule bizarre, ça sent bizarre, ça fait mal quand on fait le sexe. Elles évoluent souvent à bas bruit mais sont traitables. Surtout, attention au partage de sex-toys non protégés. Le contact rapproché entre sexes peut être contaminant mais tout dépend de votre souplesse (l’effet ventouse, you know what i mean?). En gros, toute pénétration/contact prolongé A<->B est à risque. 
Pour se protéger, on pense aux gants et aux digues pour les rapports buccaux. Et donc là encore, dépistage et si couple stable, enjoy.

 

Les mycoses, ça gratte, c’est rouge, les pertes sont plus épaisses. Fatiguant mais pas insurmontable. Les mycoses sont traitables en automédication. Allez à la pharmacie et demandez des ovules d’éconazole LP puis lisez la notice. Ce n’est pas une maladie mais un déséquilibre de flore ultra fréquent chez la femme. Oui on peut la transmettre. Ou pas… Mais de toute façon, on a moyen envie de batifoler pendant.
 Si les mycoses sont récidivantes, consultez.

 

Pour un vagin heureux :

Le vagin est naturellement rempli de bactéries qui lui offrent une flore équilibrée et qui le protègent. Tout ce qui pourra modifier cette flore causera potentiellement des problèmes. Alors, passer de l’anus au vagin directement n’est pas une très bonne idée. De même, les mains transportent toute la journée un paquet de cochoncetés. Aller câliner votre minou (le vrai, à poil, qui miaule) puis passer directement à votre copine, y’a mieux. Ce n’est pas catastrophique et ça peut arriver dans le feu de l’action (la gouine à chat sait de quoi je parle). Dans la mesure du possible passer un petit coup d’eau et de savon sur les mains avant ne fait pas de mal… 
Et à celles qui me répondent que ces messieurs ne lavent pas leur bite avant de passer à l’acte, je dirais qu’un pénis est surement plus propre qu’une paire de mimines.

 

Résumé pour dans la vraie vie :

Le sexe c’est la vie. C’est loin d’être propre et aseptisé et faut faire avec. C’est avant tout fait pour (se) faire plaisir. Oui, il y a des risques, mais on peut les limiter tout en gardant la funitude de la chose. 
Si tu penses rester avec ta partenaire un petit moment : DEPISTEZ-VOUS. Sérologie HIV/hépatite B et C + les autres bêbêtes. Tu peux aller voir ton médecin généraliste ou le Centre de Dépistage Anonyme et Gratuit (CDAG). C’est un moment relou à passer mais ça te rendra plus légère et tu seras fière d’avoir fait un acte responsable pour toi et l’autre.

Si le couple stable t’ennuie, que tu n’arrives pas à choper dans la durée ou que je me mêle de ce qui ne me regarde pas : don’t panic. Ouvre tes chakras, écoute ton corps et consulte s’il change. Et puis… limite les pratiques à risque important (pendant les règles, les échanges de sex-toys non protégés, les mains sales, les échanges de coupes menstruelles parce que t’as oublié la tienne…) En faisant cela tu limiteras grandement les risques de choper quelque choses de grave.

Si tu veux être safe à 100% de la mort qui tue pas : pense aux gants, au morceau de latex dans la poche, à découper un préservatif si tu n’as pas de digue et à en parler, tout simplement.

 

Flo, sage-femme

 

Sources : mon cerveau, ma formation initiale, mon expérience professionnelle et chups.jussieu.fr

À lire sur le même sujet :
J’ai testé pour vous la digue dentaire
Pratiques extrêmes, conseils sécurité