Seins libres

Depuis 1992 à New York, la législation permet aux femmes de se promener seins nus, comme les hommes, en pleine rue. Cependant, les autorités réprimaient encore les femmes qui osaient braver l’interdit social du topless. Plus maintenant.

Désormais les femmes peuvent se balader telle Carrie Bradshaw, mais le torse nu, les tétons à l’air libre, la culotte  baissée, le poing levé…(je m’emporte vite…)

Et en France ? 

En France, à part le mouvement des Femen, peu de groupes féministes revendiquent le droit d’être seins nus dehors, à l’égale des hommes. Cependant, d’autres mouvements beaucoup moins médiatisés ont déjà tenté des actions pour remettre en cause l’idée selon laquelle les seins des femmes seraient automatiquement érotiques, objets de désir, à l’opposé des ceux des hommes.

Les Tumultueuses, par exemple, ont investi à maintes reprises des piscines municipales seins nus de façon à interpeller les citoyens. Elles s’expliquent sur leur site :

« Ce système n’est pas seulement discriminant mais hypocrite puisqu’il demande aux femmes d’être pudiques tout en leur imposant le devoir de plaire en toute circonstance. Il faut être belle (féminine et hétérosexuelle), et malheur à celles qui ont l’audace de montrer un corps gros, ridé ou poilu : elles font preuve de mauvais goût ou ne sont pas des « vraies » femmes. »

Hypocrisie d’un système qui nous empêche de nous balader seins nus à l’égale des hommes : Les femmes doivent à la fois éviter de porter atteinte à la pudeur (mais à la pudeur de qui ?) avec leurs attributs sexuels (mais quels attributs sexuels ?)et rester celles qui suscitent le désir d’autrui.

En France et en Occident, les seins font parti de tout un complexe du corps érotique féminin, tandis que chez les hommes, seuls leurs organes génitaux appellent au désir sexuel. Pourtant, dans de nombreuses sociétés et micro sociétés (en Afrique subsaharienne par exemple), les seins des femmes ne sont pas porteurs de message érotique dans la sphère publique et s’affichent sans problème.

Mais alors qu’y a-t-il de si indécent sur les seins des femmes ? Les tétons ? Les mamelons ? L’idée que ces seins servent parfois à allaiter ? Font-ils penser à la mère, à l’amante ? A tout cela à la fois ? Détraquent-ils le cerveau des hommes, au point de ne plus savoir si les seins qu’ils ont en face d’eux sont ceux de leur mère ou ceux de leur femme ? Sommes nous autant imprégnés de la culture psychanalytique ? Du complexe d’ Œdipe ?

De l’érotisme.

Nous naissons nuEs, égaux/égales. Qu’est-ce qui justifie que nos seins, que les seins des femmes ne puissent pas vivre librement dans la sphère publique tels que les seins des hommes, ou à la piscine ? Rien.

Ou si, des siècles de patriarcat qui ont fait de chaque parcelle du corps des femmes un objet érotique : les cheveux, les jambes, les seins, le ventre, la nuque. Mais par « nature », nous ne sommes que chair. L’érotisme naît dans le regard de celui ou celle qui voit, non pas dans le corps de la personne nue.

L’érotisme n’est pas quelque chose qui est censé appartenir à un inconscient collectif qui dicterait ce qui évoque en nous les plaisirs de la chair. Non, l’érotisme est quelque chose de personnel.

Parfois, un corps nu est moins érotique qu’un corps qui se dénude. Un exemple tout simple ; lorsque je me rends chez l’esthéticienne  pour me faire épiler, je me sens mal à l’aise si la personne reste avec moi lorsque je me déshabille, alors qu’au fond, à la fin, je serai presque nue. Ainsi, je considère qu’être nue n’est pas érotique en soi mais que se déshabiller devant une personne peut l’être.

Mille manières pour l’érotisme de s’exprimer, mais des seins nus de femmes dans la sphère publique ne sont pas plus érotiques que ceux des hommes, ne sont pas un appel érotique, ni un appel au viol.

Pas plus que nos cuisses nues, ou nos cheveux libres.

Sauf si je passe ma main dessus d’une certaine manière.

 

Sarah

 

 

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.