PANORAMA DU CINEMA LESBIEN

Bien que nous ne soyons pas toutes des cinéphiles résolues, nous avons toutes cherché un jour ou l’autre à mater un film de fille. Curiosité ou besoin d’informations, le film lesbien est pour certaines la seule porte ouverte sur un monde dont elles ignorent les codes et les us.

Le souci, c’est que contrairement à l’industrie du film gay, il n’existe que très peu de productions lesbiennes. Et que le peu qui existe tient plus du Ed Wood que du Stanley Kubrick, si vous voyez ce que je veux dire. Le film de fille ne fait généralement pas dans la complexité. Mais il aime se noyer dans des intrigues tourmentées ou amours contrariés flirtent avec passions fiévreuses.

Le scénario initiatique

Pour commencer, nous distinguerons deux types de dramaturgie: D’une part, l’histoire de la naïve et douce jeune fille qui se découvre une homosexualité alors qu’elle est pompom girl/ sur le point de se marier/ promise à un avenir tout tracé de poule pondeuse. La pauvre enfant tombe des nues, ne comprend rien à ce qui lui arrive jusqu’à ce que, magie du cinéma, une charmante vendeuse de fleurs/ professeure de littérature lui redonne goût à l’existence. Romance à l’eau de rose avec pour fond de commerce le mythe de la princesse charmante (parce que bon elle a beau être gouine, la môme, c’est pas pour autant qu’elle croit pas au grand amour), ce type de scénario exclue généralement les scènes de sexe, on s’embrasse du bout des lèvres, et on se jure fidélité jusqu’à la tombe.

Les héroïnes sont toujours jolies, féminines et bien peignées. A caler dans cette catégorie: Loving AnnabelleImagine me and You, When night is falling.

L’amour contrarié

D’autre part, nous avons l’histoire de l’amour impossible entre deux femmes qui, séparées par leur famille et les préjugés d’une société intolérante, finiront par sauter d’une falaise les deux coeurs liés par une passion éternelle. La meilleure illustration de ce type d’extravagance scénaristique est Lost and delirious, film porté aux nues par des milliers d’adolescentes sur des forums de discussion, skyblogs et autres sites dédiés. Lost and delirious, que les québécois ont très pertinemment renommé Rebelles raconte l’histoire de deux nanas qui se font des chatouilles dans leur lit d’internat. Un jour, elles se font surprendre et l’une décide de rompre. L’autre devient folle de chagrin et part vivre dans la forêt avec une chouette (qui est un peu le substitut de sa meuf, si j’ose convoquer Docteur Freud). Finalement, comme la vie est trop dure sans love, elle saute d’un toit.

L’une des deux protagonistes est nécessairement brune et mystérieuse. A caler dans cette catégorie : I can’t think straight, Aimée et Jaguar.

Le personnage bordeline

Bref, deux scénarios types qui ont pour point commun de représenter la lesbienne comme une victime. Victime d’une sexualité qu’elle ignore, victime de la société qui l’emprisonne, victime d’un amour qui la dépasse. Autre leitmotiv des films lesbiens, qui illustre bien l’image que ces films renvoient de l’homosexualité féminine: le personnage borderline. Fille paumée ou narcissique (Gia, My summer of love), internée (une Vie volée),truande (Bound), la lesbienne est tout de même rarement une fille comme une autre. Cruche aliénée ou rebelle cinglée. Mais jamais de lesbienne fière, assurée et forte qui offre un modèle nouveau aux spectateurs et qui dépasse les stéréotypes du genre.

Alors certes, il y a eut des films lesbiens de qualité, les But i’m a cheerleader, Fucking Amal, Naissance des pieuvres et autres Itty Bitty committee qui offrent un regard frais et une énergie nouvelle aux productions ensuquées de l’industrie US. Mais un film où des lesbiennes seront simplement heureuses, revendicatrices plutôt qu’interrogatrices, fières plutôt qu’invisibles, amoureuses plutôt que torturées, ce film là je l’attend toujours.

Lubna

Lubna

Grande rêveuse devant l'éternel, Lubna aime les livres, les jeux de mots et les nichoirs en forme de ponts. Elle écrit sur l'art, avec un petit a : bd, illustration, photo, peinture sur soie. Twitter : @Lubna_Lubitsch