Cléa Vincent, rencontre confinée

Elle est l’une des dignes représentantes du mouvement French Pop (comprenez ici chanson pop en français), a sorti pas moins de 2 albums en 3 ans et jongle à merveille entre side projects et carrière solo. Elle nous a régalé les oreilles en Février dernier à l’occasion de notre désormais culte « Dyke Tea Dance » au Balajo, son prochain EP, Tropi-Cléa 2 paraîtra le 30 Avril prochain et tu peux déjà t’ambiancer sur son morceau «Du Sang Sur Les Congas » et «Bahia».

 

Depuis chez elle, elle enchaîne des lives tous aussi originaux et rafraichissants les uns que les autres, pour notre plus grand plaisir. Un confinement inspiré et studieux pour celle qui a récemment confié que la composition l’aidait à surmonter cette période. Rencontre avec Cléa Vincent.

 

Bonjour Cléa, qui est-tu? D’où viens-tu ?
Je m’appelle Cléa. Petite fille je m’enfermais dans ma chambre des heures durant pour écouter des cassettes audio de tout ce que je pouvais trouver autour de moi. En parallèle j’étais au conservatoire classique… Un beau jour j’ai trouvé comment exprimer mes émotions profondes en composant des instrus au piano tout en chantant les mots que j’avais dans le ventre… Ce jour là j’ai trouvé un chemin, et je le suis depuis maintenant 10 ans.. Une passion qui me portent et me fait vivre plutôt heureuse dans les vagues de la vie !

Tu chantes l’amour, le spleen et la mélancolie (mais pas que) sur une pop acidulée mise en valeur par les synthés et les boîtes à rythmes. Tu n’as jamais caché ton amour pour les sonorités de la musique des années 80, qu’on retrouve autant dans ton identité sonore que visuelle. Quelles sont tes influences principales ?
Ado j’écoutais Radio nova, Chérie FM, Nostalgie, skyrock, Ado FM et TSF jazz. Un spectre plutôt large… Je naviguais d’une radio à l’autre à la recherche des tubes à enregistrer sur des cassettes vierges…
Ce qui fait que dans les couleurs de mes chansons, on peut entendre des accords plutôt jazz, des mélodie R&B pop 80’s et des boîte à rythme en effet… Dans les groupes qui m’ont bcp influencé : Daft Punk, France Gall, Michel Berger, Dave Brubeck, Sebastien Tellier…

Comment expliques-tu cet engouement qui persiste pour les années 80? Que réponds-tu à celles et ceux qui disent que la musique, « c’était mieux avant »? 
Je suis née en 1985, il est probable qu’il y ai eu un peu de Niagara dans mon biberon… Les enfants sont des éponges… Alors ça pourrait être une explication pour vous aussi ?.. J’aime bien le lâcher prise des années 80, le côté DIY, l’humour, le décalé… On a peut être perdu un peu cet humour aujourd’hui quand on regarde la TV notamment… On retrouve pas cette chaleur 80s..

Tu as déclaré dans une interview construire tes lives un peu à la manière d’un dj set: de façon à faire danser tout en gardant un fil conducteur pour raconter une histoire. Alors, c’était comment le Balajo ?
Le DJ’set est passé et c’était génial, je me suis éclatée..
Je me suis laissée porter par l’ambiance du Baladjo, par le vibe de douceur et la  bienveillance qu’il y avait dans l’assemblée…
J’ai passé des morceaux que tout le monde connaissait parce que j’avais envie d’entendre les gens chanter, et ça n’a pas loupé !
«Mais c’est la mort qui t’a assassinée, Marcia »

En parlant de dj set, quel est le morceau qui te fait danser jusqu’au bout de la nuit ?
Ca dépend un peu de l’heure…
Mais Bads Girls de Donna Summer je ne m’en lasse pas !

Dans ta chanson « Sexe D’un Garçon » tu dis ne pas être « une poupée fragile mais une femme des années 2000 ». Au risque de te poser encore une fois la question, en tant qu’auteure/compositrice/interprète, es-tu régulièrement confrontée à des difficultés ?
Mon arrière grand mère ne travaillait pas, elle restait à la maison pour élever les enfants. Ma grand-mère rêvait d’être institutrice mais elle a suivi son mari et a travaillé en tant que secrétaire dans son cabinet d’avocat. Ma mère a monté son entreprise en tant que créatrice de mode mais sa boîte à planté :  élever les enfants et diriger une entreprise, je ne suis pas sure que c’était si simple que ça… Tout ça pour dire que les femmes gravitent dans le monde depuis seulement 3 générations dans ma famille !
Il n’est donc pas toujours facile de prendre sa place en tant que femme active..
Il faut jouer des coudes, il faut travailler comme un dingue, notamment sur la confiance en soi ! La confiance est un champ de compétence en lui même ! Quelqu’un qui a de l’assurance sera plus efficace dans le travail !
J’ai mis 10 ans à me considérer comme « professionnelle de la musique » là ou d’autres ne se posaient pas autant de questions…

Depuis environ 5 ans, on peut assister à une émergence d’artistes French Pop féminines. Es-tu optimiste quant à l’avenir? Est-ce que tu as le sentiment de représenter quelque chose, d’avoir une responsabilité ?
Je me réjouis de cette vague de meufs autrice, compositrice, interprète !
Mais je n’apprécie pas beaucoup qu’on nous range par sex dans la presse…
La pop française est un mouvement musical mixte…
Il y a des mecs aussi qui sont super forts et qui n’ont pas le vent en poupe parce qu’ils sont des hommes : KIM, Ricky Hollywood, Séverin, Voyou etc..
On se bat pour se faire une place en tant que femme dans la musique, mais c’est pour cohabiter en harmonie, pas pour tout à coup écraser les mecs dans la presse parce qu’on a des boobs…

Petite question bonus :  Chez BBX on aime se donner du love, quel est selon toi le morceau parfait à envoyer à ton crush? À faire la nuit évidemment… 🙂
La Dolce Vita de Christophe ! Paix à l’ âme du petit dieu rital !

On sait que tu as déjà collaboré avec des créateurs.rices et que tes tenues font aussi pleinement partie de ton projet. Peux-tu nous en dire plus sur ton look ?
Pour la scène je suis habillée par Colombine Jubert créatrice de la marque Orphée ! Elle ma fait des vestes incroyables qui prennent la lumière et qui sont graphiques !

Blandine

Sosie non officielle d'Ellen Page avec la coupe de Tegan et Sara. Artiste en musique électronique et apprentie rédactrice web. Aime l'eau gazeuse et les pâtes au pesto.