Et toc un clou dans le bec la BD

Ce petit opus graphique est dédicacé à Tarana Burke, la militante africaine-américaine pour les droits civiques qui a commencé à utiliser le hashtag #metoo dès 2006 pour dénoncer les violences sexuelles subies par les femmes noires. Succulent, cathartique, drôle, c’est  Un clou dans le bec.

Les dessins au graphite qui jouent sur les ombrés gris nous plongent dans un univers familier. Le nôtre. Celui des femmes professionnelles constamment rabaissées, infériorisées, des passantes harcelées, victime du mansplainning, des reproches insidieux…

Tarana Burke

Mais dans ces scènes du sexisme ordinaire, les personnages féminins se font entendre, claquent la porte, répondent, se barrent, rétorquent, c’est le côté jouissif, cathartique. Chaque scène s’inspire d’un cas réel sobrement rappelé en bas de page par un prénom et une localisation. Et en cahier central, un monde en rose, une utopie à l’inverse des situations par ailleurs évoquées qui aide à se créer des représentations, comme l’organigramme simple et efficace d’une PME qui compte un seul homme.

Plus qu’une BD, Un clou dans le bec d’Emmanuelle Teyras et Maxime Poisot donne du répondant, et permet de comprendre comment ces situations sont installées dans la vie des femmes mais pas du point de vue victimaire. L’humour dépasse la stigmatisation et les clichés, certes pour les aspects les plus légers du phénomène et avec un biais hétéro et classiste qui n’est parfois pas exempt des écueils qu’il cherche à dénoncer.

 

 

Mais enfin, ne boudons pas notre plaisir d’offrir ce petit objet publié chez Marabulles, la collection BD de Marabout, qui s’inscrit dans la veine des créations #metoo qui ne manquera pas de s’enrichir désormais. Pour tous et toutes les sceptiques de votre entourage, c’est une ouverture en douceur. Dans un monde de bruts.

Isabelle Mornat

Isabelle aime les cabinets de curiosité et la vieille techno hardcore, la confusion des sens et les concentres Harley au clair de lune.