Anna Calvi : Entre deux genres

Entre pop électrique et rock de cave, entre doux chant et cris, entre masculin et féminin. A la limite du lyrisme, elle nous transporte à travers sa voix de velours, dans un état second, comme flottant dans l’espace. On décolle, vers des idéaux sereins, libéré.e.s de beaucoup d’oppressions. Les barrières sont levées, avec ses grandes envolées musicales, elle brise en éclats les genres. Genre, qui est d’ailleurs le thème de cet album « Hunter » où elle offre une parole féministe et queer qu’on ne lui connaissait pas si engagée. C’est le grand coming out d’Anna Calvi et ça fait du bruit !

« J’en ai assez de voir des femmes dépeintes comme des proies pour les hommes dans notre culture. Cette femme est la chasseuse. Elle sort dans ce monde et le voit comme le sien – elle en veut quelque chose. Hunter consiste à explorer son plaisir de toutes les manières possibles, libéré de toute honte. »

Dans ce premier clip, notre belle créature tient à explorer la question de la passion charnelle et de l’osmose avec son propre corps au plus profond de l’intime, et cela sans censure ! Ça promet de la sueur et de l’humidité…

A la sueur de son corps déchaîné, sous des riffs de guitares électrisants habillés de textes intimes et tortueux aux sonorités puissantes et calmes à la fois, elle met clairement le doigt sur la question du plaisir et la division binaire du genre particulièrement à travers son titre galvanisant et viscéral: « Dont beat the girl out of my boy ».
Dans cette chanson, la chanteuse nous répète, chuchotant presque comme un credo à se rentrer définitivement dans le crâne, « ne détruit pas la fille qui est en mon garçon. » Amen.

« Je veux aller au-delà des genres. Je ne veux pas avoir à choisir entre ma part de féminité et mon côté masculin. Je me bats contre le sentiment d’être une outsider et j’essaye de trouver un endroit qui me ferait me sentir chez moi »

Pour nous faire passer ce joli message, elle nous offre un clip à la limite de l’érotisme où les corps se mêlent. Sous les néons rouges éclairant ses lèvres pulpeuses, elle est tripotée, malmenée, caressée, oppressée par une femme au bord de la nudité. Pour le plus grand plaisir des yeux…

« Je crois que le genre est une illusion. Je pense que si nous étions capables de trouver un entre-deux, où l’on ne serait pas poussée à exceller dans la masculinité ou la féminité, nous serions tous plus libres. Je veux aller au-delà du rôle que l’on m’a assigné. Je veux explorer une sexualité plus subversive, qui va plus loin que les attentes d’une femme dans notre société patriarcale et hétéro-centrée »

Liberté sexuelle, liberté de genre, liberté d’être en dehors d’un code couleur basé sur du bleu et du rose. Anna Calvi choisit le rouge, sauvage et sensuel, proie et chasseur, vulnérable et fort, calmement rebelle.

Citations issues du Manifeste de l’artiste : http://annacalvi.com/

Solene

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