Queer is not bizarre, la série littéraire de Lolita Sene

Queer is not bizarre. Lolita Sene a lancé son blog, il y a quelques semaines à peine. Et le titre nous a immédiatement interpellé. Queer is not bizarre. La promesse d’une série littéraire qui nous tient en haleine. Sur fond de tragédie, un crime passionnel, Lolita Sene évoquera ce milieu queer avec ses dramas, son humour cynique, ses personnages charismatiques. Une série littéraire dont Barbi(e)turix se fera le relais, à raison d’un chapitre publié chaque semaine. Nous avons rencontré son auteure et nous vous donnons rendez-vous dès lundi pour la publication du chapitre 1 : Maro.

« J’ai vécu deux longues histoires homosexuelles, de plusieurs années chacune, de vrai passage en forme de bloc dans ma vie, des tunnels dans lesquels je me sentais prise, enfin réelle. On m’a souvent définie comme bisexuelle. Je n’ai jamais aimé ce terme. Parce que pour moi, ça voulait dire voguer à mon envie entre homme et femme et avoir le même plaisir. Ce qui ne s’est jamais produit. Avec les hommes je cherchais la concurrence, la chasse. Avec les femmes, notre proximité, nos amours et ressemblances, la douceur et les mots. Non, je ne suis pas Bi. Je suis Queer. Et non ça n’est pas bizarre de penser ainsi. De vivre ainsi. »

Cet extrait de l’avant-propos de Queer is not bizarre m’a touchée d’emblée. Quand on a des histoires -peu importe leur durée- avec des hommes et des femmes, on devient un sujet complexe, toujours un peu suspect. Et notamment lorsque, justement, l’on évolue dans un « milieu queer ».

Je connaissais Lolita Sene lorsqu’elle tenait son précédent blog, Moi, Juliette F. dont elle a tiré un ouvrage, C. La face noire de la blanche, aux éditions Robert Laffont, traitant de son addiction puis de son arrêt définitif de la cocaïne. Déjà enthousiasmée par son écriture, son parcours m’épatait. Cinq ans plus tard, celle qui, entre temps est devenue sommelière et envisage aujourd’hui de devenir vigneronne, poursuit en parallèle son activité littéraire.

« Aujourd’hui, je me sens plus affirmée dans mon homosexualité, j’ai confiance en moi et en mes décisions. Parfois, j’ai l’impression de revivre mon coming out, mais avec plus de foi et hardiesse. Je vais vous raconter l’histoire de cette quête de soi, de ces perditions et résolutions. Il y aura Maro, Fanny, Raphaëlle, Moussa et Lorenzo. Et puis moi, avec mes rencontres, au milieu de ce joyeux bordel d’amour et de passion. »

Pour écrire, ce « joyeux bordel », Lolita s’est appuyée sur une histoire tragique, qu’elle a connu d’un peu loin. Celle de deux hommes, amants, amoureux. Habitant ensemble, sans être un couple, enfin pas vraiment. Passionnés et fusionnels, l’un ne supportant plus cet amour écrasant a fini par tuer l’autre de 27 coups de couteau. Crime passionnel. Le choc fut immense au sein du milieu de la nuit où ce couple évoluait sous les nombreux regards. L’auteure ne met pas en scène le crime mais se glisse dans la peau de Julia, qui connaissait le couple. Désormais journaliste et encore troublée par cette affaire, elle souhaite réaliser un documentaire sur le sujet. Elle va, ainsi, devoir interroger toutes les personnes qui gravitaient autour du couple, (Moussa et Lorenzo) dont ses propres ami.e.s.

Evidemment, en retournant dans le passé, Julia fouille dans les histoires intimes, remue là où ça fait encore mal, évoque les problèmes liés à ce milieu queer, narrant aussi des moments plus heureux au sein de lieux que l’on reconnait parfois, dessinent des profils qu’il nous semble avoir étonnamment déjà rencontrés, déjà aimés ou dont on a déjà souffert.

On pense beaucoup à Superstars d’Ann Scott, que de manière surprenante, Lolita n’a pas lu – mais ce qu’elle a promis de faire- parce que l’action se déroule à Paris, qu’on y parle clubbing, qu’on y évoque la drogue qui circule entre ami.e.s, en couple, que les ruptures sont toujours aussi douloureuses. Pour la génération née à la fin des années 1980-début des années 1990, si Superstars évoquait un milieu lesbien que l’on a pu idéaliser – le Pulp, DJ Sextoy, l’explosion de la techno, les flyers DIY et les cheveux en pics (non, en fait, ça non), Queer is not bizarre est ancré dans notre contemporainéité, nos lieux, notre argot, nos questionnements.

Rendez-vous lundi 2 avril pour vous délecter du premier chapitre ! Vous pouvez lire un extrait par ici.

Crédit photos foule : Marie Rouge

Angie

Caution bisexuelle de BBX, Angie écrit sur le cinéma et les arts. Mais en vrai, elle aime surtout les paillettes et les sequins dorés. Twitter : @angelinaguiboud