Fan de ma stagiaire lesbienne ! Leçon n°10 : Homosexuelle, pourquoi moi ?

Sidonie travaille dans un ministère où elle cache précautionneusement son homosexualité. Dans le dernier épisode, entre deux divagations antiques, Sidonie et sa jeune stagiaire Alice parlaient militantisme et engagement. Un pas de plus vers des conversations de plus en plus personnelles…

On commence à bien se connaître avec Alice. De temps en temps, on peut travailler tard et s’autoriser un whisky dans l’open space, un petit Jésus en culotte de velours, allez, on laisse aller, on se cale le dos, on peut faire glisser les chaussures, le soir tombe, la ville s’illumine, le monde, dehors, peut bien être cinglé, tout va bien, Talisker, 18 d’âge, sans glace.

Je me mets à mon aise avant de prendre ma claque. Dixième leçon, introspection, approche psychanalytique, contexte socio-culturel, environnement religieux, on va s’interroger un peu, sans s’énerver. Qu’est-ce qui fait que. On en est. J’en suis. Vous en êtes. Vous, Alice, moi. Pas nos sœurs, pas nos cousines. Nous, en particulier (à des degrés différents d’implication, un peu, beaucoup, avec des nuances, peu importe). Nous, qui avons, après une journée difficile, péniblement soutenu notre tête et soupiré : Homosexuelle, pourquoi moi ?

Alice pense être lesbienne parce que sa mère, lors de sa grossesse (une première grossesse), désirait éperdument un petit garçon. Admettons. Ensuite, Alice a une sœur, d’un an sa cadette, qui jusqu’ici, n’est pas lesbienne. Et enfin, vient un frère, ce garçon tant attendu, qui n’a bénéficié d’aucun traitement de faveur, d’aucun amour supplémentaire, de la part de leur mère. Mais admettons, suivons Alice, il y aurait, à la base de notre sexualité, une cause claire ou diffuse, consciente ou inconsciente, suffisamment prégnante pour s’inscrire dans notre développement depuis le stade embryonnaire : le désir de garçon. Émanant des mères, des pères et, en élargissant, de la société toute entière, ce désir pourrait donc représenter un des facteurs de l’apparition de l’homosexualité féminine. A l’origine de notre existence, il y aurait du Masculin, fantasmé par quelqu’un d’autre. Zut alors. Mais admettons, admettons, il est tard, on entendrait presque un feu crépiter, installons-nous dans la discussion et glissons vers l’analyse, votre mère, Alice, poursuivez.

Alice : Ma mère aurait voulu commencer par un garçon. Ça l’aurait rassurée. Ensuite, avoir des filles ou des garçons, elle s’en fichait.

Sidonie : Elle s’imaginait qu’un garçon protégerait mieux les plus petits ?

Alice : Oui.

Sidonie : Tu as protégé ta sœur et ton frère ?

Alice : Oui.

Les homosexuelles naîtraient d’un désir contrarié. Contrarié, ça reste un désir, c’est déjà ça… Tout le monde ne peut pas en dire autant. Nous aurions été attendues, imaginées, rêvées… Mais mal, mais mâles. Et notre préférence pour les femmes ne serait qu’une des multiples résultantes de l’influence du tout puissant Masculin. Admettons, ce n’est pas moi qui explique tout à partir du point de vue des hommes, c’est la Psychanalyse et bon nombre de Sciences Humaines. Des Sciences Humaines… Avec quasi que des bonshommes dedans ! Grandiose, rions un peu, le Talisker avoisine les 50 degrés, d’ailleurs le whisky est une boisson exclusivement réservée aux hommes dans certains milieux, on va se gêner, bande de lourdauds ! C’est vrai, les hommes sont agaçants à la fin… Pas tous évidemment, je côtoie régulièrement plusieurs spécimens très modernes, remarquablement intéressants, qui me rendraient optimiste, et je suis abonnée aux Arnauds adorables. Mais si j’épouse la cause des femmes, si je reviens au général, je trouve sans difficulté de quoi me fâcher contre les hommes. Et comment ne pas les railler un peu ? Ils sont lents ou quoi ? Il faut hurler : Un degré de tolérance, de raffinement, de bien-être et de civilisation est possible ! Pour tout le monde, femmes compris ! On peut tendre à l’égalité, la justice, la paix, l’intelligence, ce n’est pas interdit ! 2017, les brutes ont vécues, la planète est déjà sur le déclin !

Des siècles et des siècles et si peu de femmes dans les livres… La moitié de l’Humanité, hop, à la trappe, non mais c’est trop beau pour être vrai, c’est complet ! A peines reconnues, à peine mentionnées, des cacahouètes dans les annexes, Femmes, Autres, Divers, ah, ah, ah ! Pareil dans les musées, pareil dans les salles de concerts. Vertigineux vide de femmes. Nos tableaux pourrissent dans les caves, notre musique ne se joue pas. La voix du Féminin peine toujours à se faire entendre. Et tous ces chnoques qui braillent, qui se poussent du coude dans le panier aux crabes, pour un peu de reconnaissance, un peu de pouvoir, une médaille… Et tous ces vieux singes qui ont écrit l’Histoire et qui nous ont gouvernées… Mortes de rires avec Alice, la moitié de l’Humanité est une minorité. Trop fort. Non, il n’y a rien qui cloche, ne cherchez pas, les comptes sont justes, ça fait bien 50/50 ! Et si les femmes avaient eu un quelconque rôle à jouer dans quelque domaine que ce soit, ce serait forcément mentionné quelque part. Il y a toujours eu des compositrices, des musiciennes ? Et des femmes peintres, sculpteurs, inventeurs, manuelles, intellectuelles, savantes, héroïques même ? Mais qui n’auront jamais l’insigne honneur de pénétrer la mémoire collective. Aux grands hommes, la patrie reconnaissante.

Moi, petite femme, je le dis une main sur le cœur, j’aurai vraiment de la gratitude envers la patrie quand je serai rémunérée comme mes collègues masculins. Je serai Marianne, je me sortirai un téton pour entonner l’hymne national. Pour l’heure, cet archaïsme qui consiste à dévaluer le travail sitôt qu’il est effectué par une femme, me semble profondément malhonnête et insultant. Je le vis comme un crachat à la figure. Les garçons me crachent dessus et personne ne les sanctionne. Tout le monde est bien d’accord, le tarif n’est pas juste, pas justifié. Pourtant on laisse le marché casser les prix, les femmes sont au rabais. Elles valent moins, de base. L’égalité au travail ? Revenez dans 300 ans, mesdames, les hommes ne sont pas prêts, il faut les ménager, vos luttes les effraient. Continuez à ne pas exister, ils s’en trouvent bien mieux. Moindre rémunération, carrières ralenties, plafond de verre… Regardez-les, les petits Français, bomber le torse et claironner qu’ils sont au Pays des Droits de l’Homme ! Et n’allez surtout pas les contredire, ils sont susceptibles, ceux-là. Alice me le fait avec l’accent lorrain : « Les fommes ? A sont po capabes ! » Tant pis, buvons et consolons-nous, après tout, les hommes, petits ou grands, seront oubliés, eux aussi. Du Néant, il y en aura pour tout le monde !

Mais revenons à nous, au « gouine pourquoi moi  » et au Masculin en filigrane. Alice est l’aînée protectrice, celle qui endosse les responsabilités, s’occupe de la fratrie en dehors de la sphère familiale ou en l’absence des parents qui travaillent beaucoup. Une « soeur-maman », dit-elle. Deux rôles féminins pour quelqu’un qu’on rêvait en garçon, je suis assez perplexe. Peut-être faudrait-il cesser de réfléchir en termes de genre, parce que ça n’éclaire pas beaucoup notre lanterne. Mais sans genre, alors quid de la psychanalyse, des grands mythes fondateurs ? S’en débarrasser, hein ? Je serais très malheureuse sans Œdipe et Antigone, et puis Sophocle est tellement admirable… Et qui faudra-t-il tuer, si on n’a plus les pères ? Personne ? Et quelles nouvelles représentations chasseront les anciennes ? Aucune ?

Tuer le père Sidonie, poursuivez. Tuer le père, tu es le père, tu hais le père. Chez moi, grosse présence du tout puissant Masculin, hou la la, chez moi le chef de famille, attention. J’ai été assez peu punie, étant petite, mais toujours parce que je riais. J’avais des fous rires. L’autorité de mon père tentant de me ramener à la raison achevait de me rendre parfaitement hystérique. Il m’enfermait alors aux toilettes, où mon rire de perdue finissait par se calmer. On m’a toujours un peu enfermée, moi… Des toilettes à une chambre d’internat, il n’y a qu’un pas. Bouclée par le chef de famille, claquemurée par le patron de la taule, graine de contestataire, d’anarchiste ! Papa regarde-moi ! Je suis la grande chefesse des cabinets !

Non, mais, déjà, s’ériger en chef de famille, quand il y a deux adultes, deux parents ? Mon père utilisait ce grade, ce rang, pour justifier toutes ses décisions. C’est commode. Irrévocable. La discussion est close avant le débat. Ce sera l’internat. Chef de famille a parlé. Squaw pas danser. Squaw pas Paris Arménienne fiesta amour libre littérature. Squaw enfermée études pour son bien. Ma mère, plus tard, sur du velours, venait en appui, en sous-chef : « Sidonie, tu ne peux pas comprendre aujourd’hui, mais tu verras, tu me remercieras. » Ma pauvre Maman… Je remercie surtout les Shadocks : « Quand il n’y a pas de solution, c’est qu’il n’y a pas de problème. » Je n’ai pas pu m’empêcher d’aimer mon arménienne, pendant trois ans de lycée, et même après, je n’ai pas pu. Aucun mur d’enceinte n’aurait rien pu y faire. Et même jusqu’à aujourd’hui, finalement, je n’ai pas pu. On ne désaime pas quelqu’un. Je la porte en moi. Et on ne se défait pas d’un chagrin d’amour, on vit avec, j’ai appris ça aussi. Oh, merci Maman pour ton aide.

Alice : Vous êtes fille unique ?

Sidonie : Non.

Alice : Vous êtes l’aînée ?

Sidonie : Non, pourquoi ?

Alice : Je ne sais pas… Vous êtes tellement calme.

Vlan ! Calme ? Mais je suis un véritable volcan, je m’arrache les tripes pour écrire, je pleure ma mère, moi ! Elle a tellement souhaité que je sois normale ! Je m’énerve rien que d’évoquer mes parents ! Et quand je les vois, encore pire, trois jours pour m’en remettre ! Que mon homosexualité soit liée à eux, mais ça me fait mal aux fesses ! Quoi, je la leur devrais alors qu’ils n’en ont jamais voulu ? J’ai pas envie nan nan nan je veux être gouine moi-même toute seule comme une grande !

Mais non bien sûr, ce n’est pas un choix, je le sais bien.

Alice : On est bien homo à cause de quelque chose…

Sidonie : Ou de quelqu’un.

Alice : Il y aurait un porteur, un transmetteur…

Sidonie : Un fragile…

J’ai une sœur aînée, un frère cadet, hétérosexuels tous les deux. Mon père disait que j’étais « l’enfant tampon », c’est-à-dire l’enfant du milieu qui est plus difficile ; il avait dû lire cela quelque part. C’est admis dans ma famille, il a été plus dur et préoccupé, moins permissif et indulgent avec moi qu’avec ses autres enfants. Alors sans doute, y avait-il quelque chose qui l’inquiétait, mes fous-rire, mes syncopes, mon « tempérament d’artiste »? Peut-être a-t-il pressenti que ma sexualité serait trouble, que j’avais le profil à faire des folies, des addictions et des romans, que ma vie n’allait pas être un long fleuve tranquille ? Peut-être cherchait-il à m’endurcir ? Mais quel cauchemar affreux le faisait accourir à mon chevet, vérifier que j’étais bien en vie, et terminer la nuit, blotti à mes côtés ? C’était pendant l’année de mes quatre ans, je crois. Il pleurait et me brisait le cœur, mon doux père aux cheveux de jais. Lui-même avait été un enfant tellement vulnérable… Alors j’ignore si, à l’origine, il aurait souhaité plutôt un garçon, mais je le sais, il a très mal vécu ma puberté. Je ne grandissais pas, demeurait sans poitrine, ma mère soucieuse m’avait conduite chez différents médecins… Enfin, l’été de mes quinze ans, j’étais réglée. Si cela a soulagé les inquiétudes maternelles, le tout puissant Masculin a été littéralement foudroyé, abattu, navré, sous le choc. Il perdait un enfant, il l’a dit. Tout a vraiment changé entre nous à partir de ce jour-là. C’est atroce, je le réalise en l’écrivant. J’ai eu mes règles, mon impureté, la déception de mon père, son éloignement, et dans la foulée, l’amour d’une femme. Elle m’a dit des choses importantes, qui me sont restées : il est très beau d’avoir ses règles et une poitrine naissante, il est très beau d’être une femme, et ils ont tort, ceux qui littéralement remercient Dieu de ne pas en être une. Elle m’a donné son amour et des idées révolutionnaires, des trucs à terminer en cabane.

Tiens mais Dieu, tiens, Dieu. Pensez-vous être homosexuelle par l’opération du Saint Esprit ? Allez, on s’en remet à Dieu, on s’en fout, n’importe lequel, ce sont tous les mêmes, des Dieux d’hommes pour des sociétés d’hommes, qui mettent les femmes plus bas que terre. La représentation de la Femme dans les textes religieux ? Ah ah ah, tapons nous sur les cuisses ! Il n’y a pas un texte pour rattraper l’autre. D’ailleurs c’est le même texte pour tout le monde, en vérité. Copié, recopié, adapté, en des lieux et des moments différents, pour un public différent, voilà tout. Il ne s’adresse même plus à nous. Première apparition du Féminin, Genèse, 2, 18 : « Le Seigneur Dieu dit : Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Je vais lui faire une aide qui lui correspondra.  » Une aide, pas une amie, pas une sœur, pas une alliée, pas une femme, il n’y a même pas le mot « femme « , une aide. Non, finalement, je renonce à la piste du religieux, je ne peux pas chercher une justification à mon existence de ce côté-là, à partir d’un tel texte, qui part comme ça, biaisé, avec le Féminin créé pour combler une carence masculine, pour être un outil, un truc utile, pour remplir une fonction de service, non vraiment, gouine devant l’Eternel, c’est au-dessus de mes forces, je n’ai pas la foi. (Mais, femme, ai-je seulement une âme ?) De loin, je préfère étudier mes parents et les tuer tous les deux, symboliquement évidemment.

Alice : Un jour j’ai demandé à mon père si ça le dérangeait que je sois homo. Il a dit : « Les plantes et les filles poussent comme elles doivent pousser… « .

Belle réponse, ça a dû être utile, bon sens paysan, sagesse des bergers, la nature, le cours des saisons, le regard tranquille sur ce qui nous entoure, la faune et la flore, les étoiles sur nos têtes, le respect des êtres, de l’infiniment petit et de l’infiniment grand… J’ai été élevée chez les sauvages, moi ? J’entends mon père dire ça… Les plantes s’épanouissent en jardinière, les filles s’épanouiront plus tard. Un jour, je riais tellement, que, passant devant lui, je suis allée moi-même m’enfermer aux toilettes. J’ai été encore la seule à trouver ça drôle.

Alice : Mais au fond, aimer les femmes, ça nous rend peut-être plus fortes ? Ce n’est pas ce qui vous a rendue si solide ?

Vlan ! Solide ? Mon père me fait mal, ma mère me fait mal, ils continuent de me blesser, n’accepteront jamais réellement la femme qui partage ma vie, alors je ne suis pas solide, je suis lamentable, déchiquetée, après moi le steak haché ! Et comble ! Je ne les désaime pas ! Si au moins je pouvais ! J’ai essayé ! Mon père je l’ai souvent haï dans ma mansarde ! Qu’est-ce qu’il fuyait le plus, l’homosexualité, ou mon corps de femme ? Mon père, tu m’aimais tellement qu’à quatre ans je t’ai juré fidélité, imbécile ! Quel modèle pensais-tu être ? Inflexible, sourd, autoritaire, cerveau froid, cœur de pierre ? Tout cela ne t’était même pas naturel ! Parce que tu es doux et vulnérable et que tu aurais bien voulu être aussi libre que moi ! J’échappe au contrôle des hommes, parce que, grâce à toi, j’en ai aperçu la domination farouche et sempiternelle ! C’est de ta faute ! C’est de ta faute ! Je suis ton sursaut de lucidité, ton instinct de survie, ton enfant tampon, ta crise de larmes à deux heures du matin, ta toute puissance défaillante, ton Masculin sensible, ton Œdipe foiré ! Tu m’as donné les ressources pour me soulever contre toi. Tu le voulais ! J’ai bu tes paroles comme du petit lait ! Dis-moi, mon père, dans toutes ces savantes constructions, démonstrations, textes et Sciences Humaines, où aurais-je pu entrapercevoir la figure d’un gentil petit mari, bienveillant et intègre, d’un « aide  » qui me correspondrait, dis-le moi !

Alice : Mais si ça se trouve, l’homosexualité, c’est juste génétique.

On a tort de s’énerver. La génétique, la science, c’est imparable. Seulement rien n’est encore prouvé, si je ne m’abuse ? L’épigénétique ? Je ne suis pas scientifique ; je m’en remets à l’allégorie de la connaissance, tout est là, tout existe, sous le voile, il n’y a qu’à le découvrir… Un jour on nous expliquera d’où vient l’homosexualité. Je sens que ce sera une grosse déception. Quoi c’est tout ? Une molécule ? Une hormone ? Un machin de la taille d’un ion qui m’a tellement pourri l’existence ? Aujourd’hui, on sait seulement que l’homosexualité est en nous, qu’on n’y est pour rien, et que tous les traitements administrés se sont révélés inefficaces. Aucun médicament, électrochoc, enfermement, groupe de prières, n’est jamais venu à bout d’une gouine ! Peut-être parce que ce n’est pas une maladie, ni une tare, ni une déviance. Nous ne dévions pas du tout, nous sommes sur notre route, nous suivons notre chemin, merci bien. Nous existons, au même titre que d’autres personnes, qui présentent d’autres spécificités. Ouf, je suis gouine, j’aurai pu être dyslexique. Homosexuelles, notre origine demeure une inconnue et c’est sans doute ce qui nous rend si mystérieuses. Nous sommes peu nombreuses, inexpliquées, précieuses. Il faut arrêter de se suicider plus que la moyenne…

La prochaine fois, toujours au même endroit, toujours autour des 50 degrés, nous trouverons quelques avantages à préférer les femmes. Prenons le problème à l’envers. Envions-nous nos sœurs qui aiment les hommes ? Vlan, ce sera la onzième leçon, Alice va distribuer quelques claques, pas seulement à moi : Hétérosexuelle, non merci !

 

Sidonie