Rainbow flags in Castro

San Francisco, ville de la Gaypride ? Chaque année, le dernier week-end de juin, se révèle aux yeux du monde entier, des irréductibles parés de leurs plus belles couleurs qui affirment haut et fort leur droit à l’égalité. Une égalité prônée par les plus grands dirigeants. Malheureusement, voilà plus de quarante ans que les marches des fiertés existent. Quarante ans de manifestations –certes festives- pour obtenir quelques miettes de respect, des avancées minimes en matière d’égalité.

La San Francisco Lesbian Gay Bi Transgender Pride Celebration and Parade (quelque peu long, ce nom a le mérite d’être précis) semble désormais la plus célèbre d’entre toutes. Celle à laquelle tout marcheur LGBT rêve de participer. Pendant deux jours, toute la ville est mise à contribution pour cette grande célébration militante. Les vitrines des magasins deviennent arc-en-ciel, les frontons des mairies érigent le rainbow flag et le quartier de Castro est en branle.

La ville est quadrillée selon le parcours du grand défilé au sein duquel se succèdent des chars de militants, travestis, lesbiennes à moto, politiques, médias, grandes marques qui prennent les couleurs de l’arc-en-ciel mais aussi des couples gays ou lesbiens dans leur uniforme professionnel : qu’ils soient pompiers, policiers ou médecins. En 2011, les organisateurs de la marche avaient dénombré un million de personnes ! Un chiffre impressionnant lorsque l’on sait qu’à Paris pour la même année, l’inter-LGBT estimait les participants entre 300 et 500 000 quand la police en comptait… 36 000.

Comment San Francisco est-elle devenue le symbole de toutes les Gayprides ? 28 juin 1969 : A New-York, lors d’une descente de police au Stonewall Inn, un bar au sein du Greenwhich village, les hommes sans pièce d’identité ou travestis furent arrêtés ainsi que le patron du bar –il était, en effet, formellement interdit de servir des boissons alcoolisés aux homosexuels-. Pourtant monnaie courante, ce raid de trop déclencha l’ire des autres personnes présentes dans le troquet qui s’en prirent aux policiers. Plus de 2000 personnes du quartier affrontèrent les 400 forces de l’ordre appelées en renfort. Pendant cinq jours, tous les oppressés continuèrent à se battre. Une explosion de rancœur contre toutes ces frustrations auxquelles étaient soumis les homosexuels.

Un an plus tard, la première Gaypride vit le jour simultanément à San Francisco, New-York, Chicago et Los Angeles. En une année, les activités militantes et les organisations LGBT s’étaient multipliées. Les émeutes de Stonewall furent une référence dans le combat pour l’égalité des droits.

A San Francisco, en 1970, furent dénombrés 20 à 30 marcheurs et 200 badauds au grand rassemblement final. Mais à dès la deuxième édition qui eut lieu en 1972, ce furent 54 000 personnes qui défilaient pour ce qui s’appelait désormais le Gay Freedom Day. Les femmes commencèrent à devenir visibles dans le cortège au milieu des années 1970 lorsque ce dernier prit un tour plus festif, moins politique. Les manifestants se déguisèrent et se dévêtirent dans les rues de la ville . 1978 marqua un nouveau tournant dans l’histoire des Gayprides puisque le rainbow flag fit sa première apparition dans les rues de San Francisco. Dessiné par Gilbert Baker, il deviendra le pavillon LGBT, l’étendard du combat festif, le pavillon de l’égalité utopique, bref la banderole de l’égalité.

Chaque année depuis 42 ans, les rangs de la Gaypride de San Francisco grossissent, faisant de ces deux jours, l’événement de l’année. Pourtant, il semble que les quelques mots qu’Harvey Milk prononça lors du défilé de 1977, quelques mois avant son assassinat, sont toujours d’actualité : « How long, Jimmy –Carter NDLR-, before you speak out for the human rights of all americans ? »

 

Angie

Angie

Caution bisexuelle de BBX, Angie écrit sur le cinéma et les arts. Mais en vrai, elle aime surtout les paillettes et les sequins dorés. Twitter : @angelinaguiboud