Le documentaire « Girl Power » met les graffeuses à l’honneur

Le 23 avril prochain sera projeté Girl power à Paris, un documentaire sur 28 graffeuses et artistes autour du graf, dont la Tchèque Sany qui a réalisé le film, tout à la fois reflet de son propre cheminement et rencontre avec des artistes de 15 pays différents. Ce sera peut-être la seule projection en France. Alors vas-y.

Sany a eu l’idée en 2008, c’était alors la seule fille qui graffait à Prague. En cachette de sa famille, Sany bombait les murs de la capitale tchèque. Elle s’est certainement sentie un peu seule avec son crew et a élaboré ce film qu’elle a mis 7 ans à finir. Le résultat suit les méandres de sa propre création et se penche sur des femmes qui s’expriment sur la liberté dans un monde parfois caricaturalement machiste.

« Les filles ne savent pas chopper la structure des lettres » peut-on entendre dans le teaser de la bouche d’un jeune homme qui ne soupçonne certainement pas que cette critique est l’exacte reproduction de ce que pensaient les écrivains à propos des écrivaines au XIXe siècle, à une époque où ils sentaient clairement que leur autorité, leur qualité et prérogative d’auteur, commençait à être disputée (je pense à The Madwoman in the Attic: The Woman Writer and the Nineteenth-Century Literary Imagination de Susan Gilbert et Susan Gubar publié en 1979).

Dans cet art illégal, noctambule et marginal, entre béton et bitume, les femmes ont quelque chose à dire, quelque chose à prendre. Dans l’espace urbain qui pour est pour beaucoup un espace d’oppression multiple et patriarcal de base, le graff est un geste d’affirmation. Une prise de pouvoir éphémère qui vient déborder les aplats gris flippants de la mégalopole.

On y voit les pionnières. Lady Pink qui commença à NY ou Mick La Rock à Amsterdam, au début des années 80, Martha Cooper, la photographe du street art qui a débuté à la même époque. Et des plus jeunes. On regrette des absentes, comme l’icône allemande Madc. Entre autres, car les femmes sont de plus en plus présentes dans le graffiti et plus généralement dans la prise de marque en paysage urbain.

Girl power à voir samedi 23 avril dans le cadre de Urban art fair, première foire internationale dédiée à l’art urbain (Street art et Graffiti) au Carreau du Temple à Paris.

 

Isabelle Mornat

Isabelle aime les cabinets de curiosité et la vieille techno hardcore, la confusion des sens et les concentres Harley au clair de lune.