KCIDY : « J’aimerais voir plus de diversité sur scène »

Découverte il y a quelques semaines dans la playlist de février anti-déprime des inRocKs lab (une valeur sûre), on est tombé en amour de la synth-pop de KCIDY, et plus particulièrement de Running on the Roof, titre de la première chanson et du nouvel EP sorti il y a quelques jours. A force d’écouter en boucle son soundcloud, BBX a eu envie de savoir qui se cachait derrière ce nom mystérieux. On a découvert une artiste lyonnaise féministe et engagée. Rencontre.

Qui-es tu KCIDY ?
Je m’appelle Pauline, j’ai 26 ans, j’habite à Lyon, j’ai fait des études d’histoire en parallèle du Conservatoire en piano jazz ( après avoir fait 6 ans de classique). Puis j’ai arrêté le jazz parce que ça me saoulait, et je me suis mise à la pop ! Je fais exclusivement de la musique. Je joue dans 3 groupes (Satellite Jockey, Tôle Froide et KCIDY). Je fais aussi du Sound Design, ce qui me permet de vivre !

KCIDY ça veut dire quoi ?
Rien de spécial, c’est comme un blaze. J’aimais bien les sonorités.

Pourquoi avoir monté KCIDY ? Quelles sont tes motivations ?
J’ai juste fait la musique que j’avais envie de faire. Pas de motivation particulière à part le plaisir de jouer et d’arriver à retranscrire ce que j’ai en tête. Avec mes musiciens je commence à vraiment pouvoir le faire en live donc ça avance bien !

D’où vient ton amour de la musique ?
Depuis toute petite je n’ai jamais eu besoin qu’on me pousse pour faire de la musique et travailler mon instrument.. j’ai aussi toujours écouté beaucoup de musiques. Il y avait un piano chez moi et mon père en jouait souvent le soir… J’ai eu des groupes au lycée et dans le cadre du conservatoire. Bref j’ai toujours adoré ça !

Comment travailles-tu ?
Je travaille seule, chez moi, ou dans mon local de répète entourée de plein d’instruments. Je fais une démo que j’envoie ensuite aux autres membres du groupe, et on réarrange ensemble. Jusqu’à aujourd’hui j’ai eu un ordi sur scène, dont sortaient les boîtes à rythmes, ce qui demandait beaucoup de travail de prod en amont, mais on a trouvé un batteur ! On est en train de devenir un vrai groupe de live, c’est cool !

Quelle musique a bercé ton enfance ? Quels nouveaux artistes bercent ton quotidien ?
Comme beaucoup j’ai d’abord écouté les disques de mes parents ! Mon père écoutait Chet Baker, Bill Evans, Nougaro mais aussi du bon rock de papa genre Fleetwood Mac ou Crosby Still. Ma mère m’a fait découvrir Björk, les Beatles et Pink Floyd ! Aujourd’hui j’écoute un peu de tout.. Mon dernier big crush a été pour Weyes Blood, une new-yorkaise, vraiment géniale. En ce moment j’écoute aussi beaucoup de prog pour préparer un nouveau projet…

Ta dernière belle réussite ?
Il paraît que j’ai fait un très bon banana bread !

Comment s’est passé l’enregistrement de ton dernier EP ? De quoi parle-t-il ?
On l’a enregistré à deux dans notre local de répète avec Rémi Richarme (avec qui je joue aussi dans Satellite Jockey). Et toute la partie mixage a été faite avec Clément Sbaffe (Creature Club). C’était un enregistrement « familial » et complètement auto produit. Running on The Roof est une chanson assez poétique sur le fait d’être jeune, je crois. Et No One See est plus personnelle et triste.

Quels sont tes rêves ?
Que la France adopte le salaire universel à vie et qu’il y ai une vrai égalité entre hommes et femmes partout dans le monde…

Quel est ton avis sur la place des femmes dans la musique en France ? Tu trouves que c’est difficile de se faire un place quand on est une femme ? Qu’est ce qu’on peut faire pour changer les choses ?
Ha ! Je suis justement très engagée sur cette question, je pourrais écrire 15 pages sur le sujet. Non sérieusement, quand on voit les chiffres dans les musiques actuelles on voit que nous ne représentons que 17% de l’effectif global des musiciens. C’est franchement ridicule, et surtout ça n’évolue pas depuis 10 ans ! Je pense qu’il y a un problème majeur, qui est exactement le même que dans les filières scientifiques ou dans certains sports quasi exclusivement masculins… C’est que ce sont des territoires symboliques investis par les garçons dès l’enfance, puis encore plus à l’adolescence ( on voit bien le nombre de groupes de musique formés au collège ou au lycée) et il est très dur, arrivé à 20-30 ans de démanteler ces schémas de pensées, de franchir la barrière invisible de ces territoires symboliques. Je milite pour que les filles prennent possessions des instruments ( et plus particulièrement de la guitare électrique), et montent sur scène ! J’aimerais voir plus de diversité sur scène !

Après je crois aussi malheureusement qu’il y a aussi beaucoup de sexisme, du vrai sexisme visible. Demandez à n’importe quelle musicienne elle aura plein d’anecdotes à vous raconter. Les mecs vous diront qu’ils sont pas machos, mais vous appelleront « Princesse » deux secondes plus tard, courront à votre secours si vous portez un truc lourd, sans demander de l’aide… Bref, ils auront certaines attitudes. Il y a beaucoup de clichés à déconstruire dans la tête des gens ( femme = chanteuse / muse, homme = musicien / génie ). C’est surtout ça qui empêchent les femmes de prendre confiance en elles et d’oser. Il y a des collectifs comme H/F qui cherchent des solutions concrètes pour faire avancer les choses, donc tout n’est pas perdu.

C’est quoi ton féminisme ?
Un féminisme très engagé et renseigné.

Quels sont tes projets à court et long terme ?
Sortir notre premier album ! On cherche aussi un label pour faire une sortie vinyle. Après je suis déjà sur la composition du prochain album. On aimerait aussi jouer dans des chouettes festivals cet été et partir en tournée en septembre !

Plus d’informations sur la page Facebook de KCIDY et rendez-vous le 10 mars au Pop-Up du Label pour une release party parisienne en compagnie de Oklou !

Chloe

Caution geek de BBX, Chloé écrit sur l'art, le théâtre et le cinéma. Passion fast-food, salopettes et nuits blanches. Toujours OK.