Des culs, des coups et des paillettes : les peintures de Riikka Hyvönen

Les bleus qui apparaissent après les matchs, sur les cuisses et les fesses des joueuses de Roller derby, sont le motif principal des peintures de Riikka Hyvönen.

Éminemment cool, féministe, tout aussi glam que brutal, le Roller derby est sans aucun doute l’un des rares sports où les femmes dominent majoritairement. Lorsque le sport naît dans les années 1920 et 1930 aux États-Unis, rien ne le prédestine pourtant à cette fin là. Devenu très rapidement sport de contact, puis spectacle mis en scène au détriment de l’aspect athlétique, il connaît cependant un succès fulgurant auprès du public.

Whip it, réalisé par Drew Barrywore (2010) 

En pleine Grande Dépression, des millions d’Américains se réunissent dans différentes villes pour assister à de véritables shows et mises en scène. Les équipes alors sont plutôt masculines ou mixtes, mais on compte déjà quand même quelques grandes stars féminines de derby comme Joanie Weston (alias “Blonde Bomber” ou “Blonde Amazon”) ou Ann Calvello, dans les années 50s. Puis la discipline se meurt, assimilé au catch ou à d’autres sports de divertissement où prédomine l’aspect théâtral.

Il va falloir attendre les années 2000, avec les Texas Rollergirls d’Austin, puis avec la création de la Women’s Flat Track Derby Association (WFTDA) pour que le Roller derby renaisse de ses cendres comme un sport à part entière et principalement féminin. Depuis, des centaines de ligues sont nées partout dans le monde.

Zoë Bells se fait maquiller sur le tournage de Whip It (2010)

Le Roller derby est aujourd’hui, sans aucun doute, un sport qui se veut féministe, où les joueuses doivent assurer un certain niveau athlétique, encaisser des coups et chutes souvent assez brutales, mais qui est également l’occasion de se réapprorier son propre corps et sa sexualité.

L’univers du Roller derby c’est les patins, les genouillères, le casque, mais aussi les collants, les shorts moulants à paillettes et les surnoms privilégiant les jeux de mots à consonance sexuelle, comique, et/ou guerrière. On y retrouve des femmes avec tous types de physique, avec toute sorte d’intérêts et d’activités parallèles, qui ont en commun d’avoir une vision plurielle de la féminité, et qui sont prêtes à faire face à la violence du sport de contact.

Les coups, les bleus (les “kisses” dans le langage du Roller derby), se portent alors comme de véritables insignes et s’arborent comme des trophées (“regarde ce que je suis capable d’encaisser”). Les photos de ces “bisous”, on les partage avec ses copines sur les réseaux sociaux ou pinterest.

C’est ces images, au départ envoyées par des amies, qui servent à alimenter la série de tableaux hyperréalistes en très grand format de l’artiste finlandaise Rikka Hyvönen. Les “Roller Derby Kisses” exposés à Londres en 2015 et actuellement à Helsinki, se concentrent sur les muscles fessiers et les cuisses des joueuses où, au sein des derrières rebondis et des shorts moulants, les bleus apparaissent comme autant de constellations ou de petites galaxies. Ces tableaux colorés, haptiques et attirants (l’artiste combine des paillettes, du cuir et de la peinture pour multiplier les textures sur la toile) montrent des images de femmes à la fois proclamant leur sexualité et s’enorgueillant de leur dureté et endurance : ”I have a really beautiful bruise on my bum. Do you want to see a pic?”

Plus de photos sur Pinterest et le site de Riikka Hyvönen 

Ana

Rousse des tropiques partageant un amour impérieux pour la peinture, les films de science-fiction et les voyages dans l'espace. Collectionneuse de gifs et d'images belles trouvées.