Sexysoucis.fr, tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le sexe

« Tu ne trouveras pas de jugement ici, mais une vision positive et radicalement incluante des identités et des sexualités… » Ainsi est-il précisé sur le site de Sexy Soucis quand on veut en savoir plus sur ce que c’est, justement, Sexy Soucis. Derrière Sexy Soucis se cache Diane, animatrice de prévention bénévole dans une association de lutte contre le VIH depuis 2010. Derrière Sexy Soucis se cache Diane qui a eu envie d’apporter des réponses à des questions sur la sexualité qu’on lui posait souvent. Mais ce n’est pas que ça.

Sexy Soucis, c’est surtout le premier site du genre, qui à défaut de pouvoir donner toutes les réponses aux questions, en élabore quelques unes, pose parfois des bonnes questions, mais est aussi, incluante et sans jugement aucun. Certes, la couleur de cette inclusion est annoncée dès le début, mais elle est rarement aussi respecté que sur site. J’ai donc naturellement en savoir plus sur Diane. Interview.

BBX : Tout a commencé par un compte Ask : des personnes te posaient des questions relatives aux sexualités, au genre ou aux identités et tu répondais. Comment t’est venue l’idée de lancer ce concept? Qu’est-ce qui t’a poussé à faire ça? Quelle est la genèse de Sexy Soucis?

Diane : Alors à la base je crois que le déclencheur pour me lancer sur Ask, ça a été une énième copine qui s’est tournée vers moi avec une question sur sa sexualité. Ca n’a l’air de rien, mais ce sont des questions qui touchent à l’intime, donc il est en fait assez rare d’en discuter autrement que sur le ton de la blague et là j’ai senti qu’elle voyait en moi une interlocutrice de confiance et peut-être que ça courrait pas trop les rues. Donc voilà, j’ai tâté le terrain sur Ask, qui me permettait de me lancer de suite et aux internautes de poser des questions anonymement.

Tu es ensuite passée à un format site Internet. Pour quelles raisons? As tu eu une plus grande visibilité sur ce site? D’ailleurs combien de questions reçois tu en général? Réponds-tu à toutes les questions ?

Très vite, justement,  j’ai trouvé des limites à cette plateforme et je me suis rendue compte que je voulais créer une interface un peu différente, où les réponses peuvent bénéficier aussi aux internautes qui n’osent pas poser de question par exemple. C’est pour ça que Sexy Soucis est centré autour d’une barre de recherche et structuré comme une véritable base de connaissances, ce que j’appelle « le Google du cul ». Je ne sais pas trop si j’ai plus de visibilité sur le site puisqu’on ne sait jamais vraiment combien de personnes lisent les réponses sur Ask, mais j’ai ouvert Sexy Soucis le 29 janvier et j’en suis à plus de 12 000 visiteurs et 82 000 pages vues.

Pourquoi parler de sexualité (c’est une question qu’on me pose souvent). Qu’est ce qui est si important avec la sexualité?

Je ne crois pas que c’est plus important que les bombes à sous-munition ou la faim dans le monde, hein, ou que le droit au logement, par exemple. Mais il se trouve que ça je sais en parler, et j’ai l’impression que je peux aider des gens (ne serait-ce qu’en les écoutant et en les redirigeant vers un.e professionnel.le de santé, une asso etc). Et puis en parlant de sexualités on aborde plein de sujets connexes : le corps, l’identité, l’amour, l’amitié, l’estime de soi, des trucs quasiment métaphysiques !

As-tu une formation dans la sexualité, la santé sexuelle?

Tout à fait. En tant qu’actrice de prévention chez Solidarité Sida, j’ai bénéficié d’une formation initiale sur le VIH et les IST, la contraception et des bases de sexo. Par la suite, j’ai aussi eu de la formation continue sur des sujets plus spécifiques comme la prévention auprès des FSF – comprendre femmes ayant des rapports sexuels avec des femmes, les risques combinés sexualités/substances, etc etc. J’ai évidemment beaucoup appris sur le terrain en discutant simplement avec les gens et j’essaye par ailleurs de me former un peu par moi-même avec mes lectures.

Quelles sont les questions qu’on te pose le plus souvent. Que penses-tu que cela dit sur nous?

Je crois que ce qui revient le plus souvent, et sur des questions très variées, c’est « est-ce que je suis normal.e ?»… A chaque fois ça me fend le cœur parce j’ai l’impression que ça montre qu’on est globalement encore et toujours très soucieux/ses de coller à une « norme » à géométrie variable et extrêmement excluante pour tout un tas de personnes. En gros, il faut être sexuel.le (mais pas trop sinon tu es une salope – là, on voit clairement l’aspect sexiste de la norme, qui n’applique pas les mêmes critères aux mecs et aux filles) et aventureux/se (quitte à « se forcer » ou « se laisser faire » – aussi des termes qui reviennent assez souvent dans les questions) et évidemment cis et hétéro… Le regard des femmes sur leur corps, leur sexualité propre, leur sexe, est aussi très fréquemment abordé et on voit bien qu’elles n’ont pour la plupart pas été encouragées à se voir et se vivre de manière positive et indépendamment d’un regard de validation (amoureux, sociétal…), c’est franchement flippant, parfois.

Reçois-tu également des commentaires, des critiques, si oui, quels types de critiques?

Je ne reçois pas de commentaires car j’ai fermé les commentaires sur le site car je suis une  vilaine féminazie. Mais plus sérieusement c’est un choix tout à fait délibéré partant du principe que je veux garder la main de manière absolue sur le contenu hébergé par mon site dont j’espère qu’il est safe. Hors de question pour moi de voir des haters, trolls ou gens malveillants commenter les questions que m’ont posées des gens qui m’ont fait confiance. Ensuite des critiques il m’arrive d’en recevoir (quand je fais des erreurs, par exemple) mais généralement c’est plutôt formulé gentiment et puis je corrige ou amende évidemment donc tout ça se fait en bonne intelligence je pense.

Je trouve que tes réponses sont souvent inclusives, sans jugement d’ailleurs, ce qui est assez rare quand on donne des conseils, quel est ton cheminement de pensée quand on te pose une question ?

Alors inclusive c’est vraiment ce que j’essaye de faire au maximum, ce qui demande une petite gymnastique mentale pour sortir du schéma hétéronormatif et cissexiste par exemple. J’essaye par exemple de ne jamais supposer (si on ne me dit pas) que je connais l’identité ou l’orientation sexuelle de la personne qui me pose la question. Pour le reste, je réponds en me basant sur mes connaissances et mon expérience aussi bien personnelle (mon vécu, celui de mes amant.e.s, celui de mes ami.e.s) qu’en tant qu’actrice de prévention. Pour certaines questions, je demande aussi aux gens sur les Internets de me donner leur avis en plus.

-Si vous avez des questions, voici son site. / Vous pouvez également la suivre sur Twitter.

 

Illustrations: Kaethe Butcher 

 

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.