Alice Guy Blaché, première femme cinéaste

Première femme cinéaste, française de surcroît, Alice Guy Blaché sera l’objet d’un documentaire, Be Natural. The Untold Story of Alice Guy Blaché, dont la sortie est prévue en 2016. Réalisé par Pamela Green et Jarik Van Sluijs, il devrait rétablir la notoriété de cette personnalité avant-gardiste et hors du commun.

En 1896, un an après la naissance du cinéma, Alice Guy Blaché, alors secrétaire chez Gaumont à Paris, réalise son premier film, La Fée aux Choux, muet et d’une durée d’à peine une minute. Âgée de 23 ans, elle ne tardera pas, avec le soutien de Léon Gaumont lui-même, à s’imposer dans le milieu du cinéma qui commence à s’élargir. La caméra n’est plus, pour elle, un outil documentaire, mais devient un véritable médium de créativité, de distraction. Elle commence ainsi à rédiger de véritables histoires qu’elle met en scène. Pendant dix ans, elle tournera plus de 370 films !

« Alice est mon école de cinéma. Elle est aussi un portail pour explorer toute une époque de Zola à la Eiffel. » explique Pamela Green à la revue Trois Couleurs (n°126). Alice Guy Blaché est résolument moderne, s’appropriant toutes les nouveautés du vingtième siècle, les exploitant dans chacune de ses oeuvres. Par ailleurs, elle parvint à établir sa carrière au sein d’une corporation résolument masculine puisque ces messieurs ne prêtent pas attention aux films de fiction, considérés comme un sous-genre (comme a pu l’être, le roman en littérature jusqu’au dix-neuvième siècle…).

En 1906, elle réalise Résultats du féminisme, dans lequel les genres sont inversés, les femmes jouent les hommes et réciproquement. Bien sûr, la chose est caricaturale et nous crierions au scandale aujourd’hui mais il semble que la démarche est plutôt culottée pour l’époque -même si à la fin, tout rentre dans « l’ordre logique des choses »-.

La même année, elle met en scène son premier long-métrage (35 min, une longueur inhabituelle pour l’époque), La  Naissance, la vie et la mort du Christ. Elle réunit plus de trois cent acteurs et figurants devant sa caméra !  Le film est organisé selon 25 tableaux constituant les différents étapes de la vie de Jésus. Les décors sont extrêmement travaillés, chargés et cette première superproduction digne des plus grands studios hollywoodiens est désormais considérée comme le premier péplum de l’histoire du cinéma !

Alice Guy Blaché s’est construite comme une cinéaste à part entière, écrivant, produisant et réalisant. Elle s’intéresse au monde qui l’entoure, aux nouvelles inventions – qui sont pléthore à cette période – et n’hésite pas à les expérimenter, telles que le Chronophone. Elle exploite autant qu’elle le peut ces objets modernes au sein de ses essais filmiques.

En 1907, elle s’installe aux États-Unis avec son mari Herbert Blaché, un opérateur de chez Gaumont. Dès 1910, elle fonde Solax Film Co à Fort Lee (New Jersey), sa propre société de production incluant des studios de tournage. Alice Guy devient, selon la formule, riche et célèbre, dirigeant l’une des sociétés cinématographiques les plus importantes avant l’arrivée d’Hollywood !

Passionnée par le septième art, elle mettra ses talents de scénariste et de metteur en scène au service de différentes firmes… Malheureusement, le cinéma est un monde cruel. Lorsqu’elle divorce en 1922 et rentre en France, elle ne retrouve pas de travail à sa hauteur. Elle retournera aux Etats-Unis où elle décédera à l’âge de 94 ans, en 1968.

Dans Be Natural. The Untold Story of Alice Guy Blaché, Pamela Green et Jarik Van Sluijs tentent de réhabiliter cette carrière mémorable en offrant à Jodie Foster la chance de narrer son histoire. En attendant la sortie du documentaire, voici le trailer :

Be Natural Trailer from Be Natural on Vimeo.

Angie

Angie

Caution bisexuelle de BBX, Angie écrit sur le cinéma et les arts. Mais en vrai, elle aime surtout les paillettes et les sequins dorés. Twitter : @angelinaguiboud