Les lesbiennes ont plus d’orgasmes que les hétéros… Certes, mais pourquoi ?

On vous en a brièvement parlé ici mais vous en avez sans doute entendu parler , ici et  à nouveau. Les médias se sont emparés de la nouvelle rapidement : les lesbiennes auraient plus d’orgasmes que les hétéros.

L’étude, menée par l’institut Kinsey, a voulu chercher à comprendre si l’orientation sexuelle avait une influence sur l’atteinte de l’orgasme. Et les chiffres sont tombés, sur 1353 femmes célibataires, les hétérosexuelles ont déclaré avoir un orgasme 61,1% du temps tandis que les lesbiennes en ont 74,4% et les bisexuelles 58%. Du côté des hommes, qu’ils soient hétéros, gays ou bis, les chiffres avoisinent les 85%.

Que les hommes aient plus d’orgasmes que les femmes lors de leurs rapports sexuels n’est pas une surprise. Le plaisir des femmes a longtemps été laissé de côté. Les études sur le clitoris n’ont vu le jour que tardivement et le plaisir des femmes à longtemps été considéré comme quelque chose de diabolique, je ne vous apprends rien. Mais fait surprenant pour la société tout entière : les lesbiennes atteignent l’orgasme plus souvent.

Peu importe les raisons évoquées dans les articles qui ont déjà été écrits à ce sujet, ce que l’étude apporte réellement est assez fort symboliquement. Elle remet en cause l’idée même que les femmes n’auraient pas une véritable sexualité entre elles (bien que l’orgasme ne soit pas la condition sine qua none d’une vraie sexualité, on est d’accord ). Je pense ici surtout à la manière dont la sexualité entre meufs est perçue dans la société. Malheureusement, nous souffrons encore du stéréotype de la lesbienne romantique, qui se caresse doucement le clitoris en attendant le glorieux pénis rédempteur. Notre sexualité n’est pas perçue comme une véritable sexualité ; raison pour laquelle cette étude va sans doute en emmerder plus d’un ( il faut lire certains commentaires de la part d’hommes hétéros sous les articles cités plus hauts).

Cette étude remet en cause l’idée que les femmes ont besoin d’un pénis pour jouir. D’ailleurs, elle montre qu’il y a un véritable problème de communication dans les couples hétérosexuels. L’argument le plus présenté pour expliquer ces résultats, c’est que les lesbiennes connaissent mieux leurs corps et parviennent donc plus facilement à donner un orgasme. Combien de fois ai-je entendu dans la bouche d’amies qu’elles avaient du mal à donner un orgasme à leur partenaire ? Même si le clitoris a un fonctionnement précis, toutes les femmes ne réagissent pas de la même manière et ce serait un raccourci de dire que les femmes connaissent mieux le corps des autres femmes.

Combien de fois ai-je moi-même peiné à donner un orgasme à certaines partenaires parce que je ne connaissais pas encore comment leur plaisir fonctionnait ? Quand bien même je saurais où se situe le point G et quand bien même je n’aurais aucune difficulté à me faire jouir moi-même.

Je doute que le problème soit lié au fait d’avoir des corps non similaires. Non, le problème vient du fait que l’on n’apprend pas aux jeunes garçons et aux hommes à se soucier du plaisir des femmes, que l’on n’apprend pas que la communication est importante. Le problème est que la définition de la sexualité est hétérocentrée : t’as pas baisé si t’as pas une bite dans ton vagin. Et le reste n’est que préliminaires. La relation sexuelle prend fin quand le mec éjacule et ça ressemble à un film porno mainstream de base.

Le problème vient réellement de la façon dont on éduque les enfants et ados à la sexualité, le problème vient de toute l’imagerie sexuelle complètement faussée par des idées réactionnaires. Le problème vient qu’on éduque les enfants à la procréation et pas à la sexualité. Le problème est bien plus ancré dans nos mentalités, et plus grave que cette idée simpliste selon laquelle « à même corps, même désirs ».

 

Sarah

 

Photo de couv’: Zanele Muholi

Photo 1 : Brittany Market

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.