Le flux libre, ou comment maitriser ses règles

J’ai toujours détesté avoir mes règles. Pas parce qu’elles me rendent particulièrement irritable mais parce que ce n’est vraiment pas commode : acheter des serviettes, sentir le tampon qui glisse quand il est trop plein, devoir le replacer…

Depuis la mooncup, je n’ai plus ce genre de problèmes. Je me suis rendue compte que mon flux était léger et que je pouvais tenir une journée sans serviette qui démange sous ma culotte, en évitant les infections possibles dues aux agents blanchissants que les industriels intègrent dans les protections menstruelles. Depuis la mooncup, j’ai du mal à croire qu’il soit possible de faire mieux en terme de protections.

Puis, il y a quelque temps, alors que je me baladais sur le net, je tombe sur un témoignage d’une fille pratiquant le flux libre. Je m’imagine alors mon flux de sang dégoulinant sur mes cuisses pendant que je marche dans la rue. Angoisse.

Mais en réalité, le sang ne coule pas tout le temps. D’ailleurs, vous est-il déjà arrivé de sentir une douleur puis de vous dire  » tiens là je sens que ça sort ? » C’est parce que notre corps est capable de ressentir quand le sang de nos règles coule. Seulement, nous avons tellement l’habitude d’utiliser des protections que nous avons presque perdu cette faculté de le sentir, voire presque de le prévenir pour pouvoir l’expulser dans les toilettes. Imaginez donc que votre sang menstruel s’expulse comme l’urine : un tour aux toilettes et voilà. Mais ce n’est pas si simple.

Le Period T-shirt de Petra Collins

Avant dernier jour de mes dernières règles, je passe la matinée chez moi, je ne mets pas la mooncup pour voir. Je tâche le canapé. Je me dis que je ne vais pas apprendre à me passer de protection en quelques heures.

Alors, je me renseigne. Je tombe sur une vidéo Youtube expliquant que les règles ne coulent pas en continu. Et si elles ne coulent pas en continu, cela doit pouvoir dire que l’on peut expulser le sang quand on le souhaite. Il suffirait donc, au moment où l’on sent que ça coule, de contracter le périnée le temps de se rendre aux toilettes. On ne contracte donc pas son périnée toute la journée, non. C’est comme pour l’urine. Vous sentez que vous en avez envie, votre périnée se contracte, vous allez aux toilettes, vous faites pipî. Là, il s’agit de la même chose.

Cela me paraissait totalement surréaliste jusqu’à ce que je rencontre Ariane qui fait cela depuis quelque années maintenant :

« J’ai un flux un peu particulier : je saigne énormément le premier jour, mais ça arrive par vagues. Je le sens venir avec la douleur au ventre. Et au moment où ça va sortir, je fonce aux toilettes. En fait, depuis que je suis petite, j’ai appri à contracter mon vagin tellement fort que je peux garder mon sang dedans. J’ai un périné très… musclé je pense.  Alors pour cette histoire de sang, quand je suis en voiture, par exemple j’utilise un mouchoir. Je glisse un mouchoir dans ma culotte, j’expulse sur le mouchoir et je le jète. Mon mec dit toujours que je « me mouche » c’est mignon. Il a raison, c’est bien ça. La nuit, je fais pareil, dans le lit, j’ai mes petits mouchoirs, je me « mouche ». De toute façon, allongée, je coule moins. Par contre au réveil je cours au toilettes ! Franchement c’est une technique cool parce que je n’achète jamais jamais de serviettes ni de tampons (je boycotte à mort) et pour la mooncup, j’en ai une, mais je ne la mets que quand je sais que je vais avoir un flux super important, que je n’ai pas mal au ventre. Je pense que très peu de filles sont tentées d’utiliser cette méthode, c’est salissant et ça demande un contrôle permanent. Tu dois jouer avec ton sang, finter le truc, gérer tes mouchoir, voir ton sang de près, encore plus qu’avec la mooncup. « 

On nous a toujours enseigné que le sang des règles était sale (alors qu’il est plus propre que le sang tout court). De ce fait, l’idée de manipuler ses propres menstrues est souvent quelque chose de peu imaginable.

Quand je regarde l’allure de mon sang dans ma mooncup, je peux voir si éventuellement tout se passe bien en bas selon la couleur, ou la taille des morceaux de sang, j’apprends à connaître mon corps. Chose que personne ne m’a jamais enseigné. A vouloir tout mettre sur des serviettes hygiéniques ou des tampons, on oublie sans doute que finalement, ça ne coule pas en permanence et qu’on peut tout à fait maitriser son flux.

Personnellement, je doute adopter cette technique mais je vais essayer (pour voir). C’est surtout parce que je trouve la mooncup particulièrement pratique. Je vous invite donc à adopter la mooncup (pour vous, pour la planète) et à tenter par la suite, le flux libre, juste pour voir, juste pour vous dire « Mon sang n’est pas sale ».

Sarah

photos de couv : Petra Collins, créatrice du Period t-shirt

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.