Pourquoi les films LGBT se terminent [presque] toujours mal ?

Avant-hier, en rentrant du dernier film de Xavier Dolan, Tom à la ferme, m’est revenue une question que m’a posé récemment une amie hétéro : pourquoi les films avec des homos se terminent toujours mal ?

Vous avez 3 heures. Passé le petit rire, vient la réalisation que oui, si je commence à remonter dans mes souvenirs, beaucoup des films auxquels je pense ne versent pas vraiment dans le happy ending. De prime abord, je pense en premier à Brokeback Moutain, à Boys don’t cry, aux Filles du Botaniste ou à La Vie d’Adèle. Christine Boutin s’effarouche de l’omniprésence du lobby homosexuel au cinéma, moi, je commence à m’inquiéter de son pessimisme.

Certes Kechiche n’est pas connu pour ses comédies délirantes, alors on creuse encore : l’Inconnu du Lac, non plus, Mysterious Skin, surtout pas. Même lorsqu’ils sont des personnages secondaires, les gays semblent s’illustrer par leur talent à aimanter le drame. Philomena, Dallas Buyers Club, Behind the candelabra… le couperet tombe, il semblerait bien que les héros LGBT soient abonnés aux destins funestes. Bien sûr il y a des contre exemples, quelques comédies qui tirent leur épingle du jeu, mais on est forcé d’admettre que les films qui ont un écho tout-public sont, somme toute, assez déprimants. Alors pourquoi, oui pourquoi ? Non pas qu’il y ait une seule réponse possible, mais on peut en avancer quelques-unes.

Raison n°1 : l’espoir

Si le gay ou la lesbienne émeut sur grand écran, il est plus probable que le participant à la Manif pour tous sente sa carapace obtuse se fendiller de compassion et en vienne à se demander, enfin, pourquoi donc il ne nous aime pas.

Raison 2 : la demie censure

Le Lobby d’Hollywood, bien loin d’être LGBT, veut prémunir son public contre d’éventuelles déviances. Ne pouvant pas tout bonnement censurer les films LGBT, ils ne les acceptent qu’à condition de faire rimer homosexualité et transsexualité avec meurtre, psychose, adultère ou SIDA… Ainsi le message est clair : choisissez avec précaution votre orientation sexuelle, sinon…

Raison n°3 : comme au théâtre

Ces films ont une idée originale de la catharsis, qui consiste à dire «  si le public voit les homos souffrir à l’écran, peut être que ça lui donnera l’envie de leur ficher la paix ». Après tout, on montre bien des meurtres au théâtre pour apaiser les pulsions.

Raison n°4 : intégrés mais pas trop

Les homosexuels entrent dans la culture mainstream par le biais du cinéma, mais c’est un processus en cours. On peut maintenant vivre leurs histoires déchirantes et sympathiser avec eux le temps d’un drame exceptionnel et d’un scénario hors du commun. Par contre, on ne pas quand même pas aller jusqu’à simplement s’asseoir avec eux pour rigoler dans une cuisine. Ça ressemblerait un peu trop à de la normalité, faut pas exagérer.

Raison n°5 : au-delà des frontières de genre 

Peut-être, juste peut-être, les drames LGBT ont été remarqués pour leur qualité au cours de ces dernières années et ils éclipsent les quelques comédies qui existent de par leur universalité et leurs récits poignants. Ce qui reviendrait à dire que des réalisateurs de talent voudraient élargir leur palette d’expressions et d’orientations sexuelles, sans pour autant centrer leur film sur le thème de l’homosexualité. Et si ça n’est pas la trame, alors ces « drames LGBT » sont juste des drames, point, d’où la fin tragique. Et contrairement à la raison 4, ce serait un signe de visibilité encourageant.

Mais j’extrapole peut-être un peu.

 

Léa