Les femmes ont obtenu le droit de vote, pas la parité

Il y a 70 ans, le 21 avril 1944, une ordonnance prise par le gouvernement provisoire du général de Gaulle accordait enfin aux Françaises, le droit de voter et d’être élues – près d’un siècle après les hommes (1848). Elles se rendaient aux urnes pour la première fois le 29 avril 1945, à l’occasion des élections municipales. Quelques mois après, le 21 octobre 1945, les femmes participaient au scrutin national.

La France en retard ? Indéniablement. La Nouvelle-Zélande a ouvert la marche dès 1893, neuf ans avant l’Australie. En Europe, les pays nordiques ont été pionniers, comme souvent en matière d’égalité femmes-hommes : Finlande (1906), Norvège (1913), Danemark et Islande (1915). Les femmes russes sont devenues des citoyennes à part entière en 1918, comme les Allemandes, les Autrichiennes, les Estoniennes, les Hongroises, les Lettones ou encore les Polonaises…

De la « Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne » d’Olympe de Gouges (1791) aux actions des suffragettes durant la première moitié du XXe siècle, les Françaises ont lutté pour arracher le droit de vote au patriarcat. Avant 1944, les devoirs de mère et d’épouse étaient jugés incompatibles avec l’exercice de ce droit. Surtout, les membres du parti radical, anti-catholiques et très attachés à la laïcité, étaient persuadés que les femmes seraient influencées par l’Eglise.

Après l’ordonnance prise à la Libération, le droit de vote des Françaises est rapidement entré dans les mœurs. En revanche, l’exercice du droit d’éligibilité s’est révélé beaucoup plus difficile. Les chiffres parlent : entre 1958 et 1978, les femmes étaient moins de 4% à siéger à l’Assemblée nationale. Et moins de 6% jusqu’au milieu des années 1990.

Aujourd’hui encore, force est de constater qu’elles restent sous-représentées dans la sphère politique, malgré l’adoption d’une législation contraignante. Les scrutins de liste favorisent la parité… mais les têtes de listes sont majoritairement masculines (83% aux dernières municipales, par exemple). Et 95% des présidents de conseil généraux, 73% des députés et 78% des sénateurs sont des hommes.

En outre, beaucoup de charges politiques sont encore très « féminines » (famille, école, santé etc.), alors que d’autres restent exclusivement réservées aux mâles. A quand une femme présidente de l’Assemblée nationale ou du Sénat ? A quand une femme à la tête de la Cour des comptes ? A quand une femme gouverneur de la Banque de France ? A quand, enfin, une femme à l’Elysée ?

Marie