Pourquoi faut-il lire du Jeanette Winterson ?

Originaire d’une petite ville d’Angleterre, Jeanette Winterson n’a pas eu une enfance facile. Adoptée et élevée par des parents pentecôtistes intégristes, homosexuelle et féministe, elle se situe aujourd’hui au premier rang des écrivains britanniques.

Alors, allons-y pour une réponse en 4 points à la question : pourquoi faut-il lire du Jeanette Winterson?

 1) Elle sait jouer avec les mots

Jeanette devait grandir sans livres, tous bannis du foyer à l’exception de la Bible. C’est peut-être pour cette raison qu’elle s’est fixée seule l’objectif de lire – en cachette – absolument tout les ouvrages de la bibliothèque municipale. Et ce, dans l’ordre alphabétique des auteurs, parce qu’il faut bien s’organiser. Très vite, elle a comprit la force des mots et leur rôle. Ils lui permettaient d’inventer et de se réinventer. Contre toutes attentes, Jeanette a étudié à Oxford, l’une des plus prestigieuse Université d’Angleterre et du monde. Puis, elle a écrit et signé un nombre important d’ouvrages, tous différents, tous écrit à la perfection. On plonge dans son univers souvent déjanté, rempli de fables, de contes et d’humour aussi. Elle est l’auteure de nombreux livres, sur des sujets et thèmes très différents dont Les oranges ne sont pas les seuls fruits (1985), Pourquoi être heureux quand on peut être normal? (2012), Powerbook (2000), ou encore Le sexe des cerises (1995).

 2) Elle fait rire et pleurer dans le même livre

Lorsqu’on lit un livre de Jeanette Winterson, on peut sourire puis avoir les larmes aux yeux à la page suivante. Notamment dans Les Oranges et Pourquoi être heureux, où elle parle de sujets sensibles et personnels. Malgré son enfance difficile, l’éducation stricte et froide qu’elle a reçu, elle arrive à écrire l’histoire avec beaucoup d’humour. Certains passages sont durs et douloureux, mais pourtant le ton reste toujours léger. Un véritable vent d’optimisme et des passages vraiment amusants. L’auteur revendique sa capacité à rire de toutes situations et dit elle-même: « On peut seulement pleurer un certain temps, après il faut envisager les choses d’une manière plus légère. Sinon, on se fait dévorer par la colère et la haine. Quand j’étais petite, dans le nord de l’Angleterre, les gens n’avaient pas grand-chose. Heureusement, il y avait les histoires et le rire. » (1) Et effectivement, on rit beaucoup en lisant ses ouvrages.

3) Elle est féministe et engagée

Jeanette Winterson est une véritable icône du féminisme anglo-saxon. Célèbre militante et connue pour ses colères féminines, elle oeuvre toujours pour le droit des femmes et leur place dans la société, elle s’insurge, revendique, s’oppose et milite. Cela depuis sa jeunesse mais c’est à son entrée à Oxford qu’elle découvre vraiment le combat des suffragettes en Angleterre. Dans une petite librairie de la ville, elle lit les écrits de Sara Maintland, écrivain et grande féministe lesbienne. C’est la première fois que ce genre de revendications lui sont révélées et elle réalise alors l’ampleur du mouvement. Dés lors, elle aura pour ambition de participer au combat. Suite à la parution de son premier ouvrage, elle deviendra rapidement une référence du féminisme Outre-Manche.

4) Elle est lesbienne, l’assume et le revendique

Dans son premier ouvrage, Les oranges ne sont les seuls fruits, elle nous livre l’histoire d’un petite fille nommée Jeanette. Toute ressemblance avec la réalité serait fortuite, il ne s’agit pas d’une autobiographie mais d’une « auto-fiction ». Dans le livre, Jeanette (le personnage) est adoptée et grandit dans une famille de protestants intégristes. Elle découvre son homosexualité avec une autre fille de la paroisse, la suite fait froid dans le dos. On comprend à la lecture de Pourquoi être heureux quand on peut être normal?, cette fois récit autobiographique, que ce roman était effectivement largement inspiré de sa propre expérience. L’écrivain revient sur sa jeunesse, la réaction de sa mère adoptive à l’annonce de son homosexualité. Quand Jeanette lui dit être heureuse avec une fille, elle lui répond simplement: « Pourquoi être heureux quand on peut être normal? ».

Aujourd’hui Jeanette Winterson assume plus que jamais sa sexualité et est en couple avec Susie Obrach. Si elle trouve réducteur de voir résumer à l’étiquette « d’auteure homosexuelle », elle revendique sans jamais plus se cacher ce trait de son identité.

 

(1) Citation tirée de l’interview dans Libération du 02/05/21012, «Si je me vois comme un personnage, je peux me réinventer», Thomas Stélandre.

Alice