À nos pratiques « bizarres »

Vous étiez en train d’évoquer vos pratiques ô combien excitantes de la veille avec enthousiasme et émotion lorsqu’un « Mais c’est bizarre ! » fut lâché comme un pavé dans la gueule (mais pas comme un doigt dans la chatte).

 MAIS – C’EST -BI –ZA- RRE 

Mais oui, vous n’étiez pas au courant que votre façon de faire l’amour était vraiment chelou jusqu’à ce qu’on vous annonce de manière très vive que « Franchement t’es chelou quand même, c’est pas un peu dégueu…ah moi j’aime pas ça ». Peut-être l’avait elle lu dans un magazine féminin : « La dernière fois j’ai lu dans un article que y’a des gens qui se sucent les orteils…hum j’ai même lu que certaines personnes se pissent dessus, vraiment, les gens ont des pratiques bizarres ». Encore ce mot.

Alors, qu’est-ce qu’une pratique « bizarre » ?

Une pratique qui sort de l’ordinaire ? J’en doute fortement. Nous avons toutes des pratiques ordinaires qui vont être considérées comme vraiment particulières pour autrui alors que pour vous, elles font partie intégrantes de votre sexualité.

Une pratique dont une majorité jouit mais dont personne ne parle ? Tiens, cela nous rappelle qu’à une époque, c’était vraiment « bizarre » pour une femme de se masturber. Cela a bien changé depuis, pas parce que plus de femmes le font (peut-être aussi) mais surtout parce qu’on en parle plus qu’avant.

C’est la visibilité d’une pratique qui la rend peut-être finalement ordinaire. Alors, quelles sont vos pratiques qui sont encore considérées alternatives, voire totalement baroques ?

 A deux ou à plus…

« Pratiques chelous du jour, toutes celles des magazines féminins de merde et en particulier voir ma partenaire sucer mon gode parce que la succion c’est agréable et le voir c’est excitant. Rien à voir avec une quelconque reproduction hétéro. Lui mettre un ou plusieurs doigts dans l’anus parce que c est plus serré et quand elle aime ça, la sodomie, avec le gode ceinture dans toutes les positions, parce que c’est super excitant!! «  C.

« J’adore lécher les aisselles, je trouve ça hyper excitant. Je ne sais pas, cette odeur de transpi là. Puis mettre un doigt dans l’anus aussi, c’est tellement bon » M.

« Ah, oui sur la plaque de cuisson. Souvenir d’un film allemand érotique Arte. J’hésite cependant encore à allumer la dite plaque de cuisson. True story. » C.

« Comme j’ai un odorat très développé, j’adore sentir l’autre. Je veux dire, vraiment sentir l’autre. » A.

« J’aime l’idée de ne craindre aucun liquide appartenant à l’autre et que l’autre ne me craint pas non plus, je me sens en confiance. C’est pour ça que j’aime les pratiques autour de l’urine. Sentir son urine chaude sur ma main. Je trouve ça hyper intime et excitant. J’ai vraiment l’impression qu’il y a un désir fort et réciproque. » L.

« Hum j’adore sucer, lécher l’autre. Lui lécher les aisselles qui transpirent. C’est mieux quand elle ne porte pas de déo. La transpi éveille tous mes sens. Puis sucer les orteils pendant de longues minutes, comme je sucerais ses doigts. Mordre la plante du pied. Lécher l’intérieur des genoux. C’est vraiment bon ». S.

Et seule ?

« Je regarde du porno seule. » M.

« Je ne porte pas souvent de déo, je n’aime pas ça. Parfois je sens mes propres aisselles et ça me donne envie de baiser, littéralement. » C.

« Je mange avec les doigts, j’en fous partout, exprès. Ca me rend désirable à moi-même. » S.

Bien entendu que nous savons que ces pratiques « bizarres » ne le sont pas. Nous ne sommes pas excitées par la même chose, par les mêmes gestes. Ce qui nous fait bander ou grimper au rideau ne fera sans doute pas le même effet sur une autre personne. Mais si on parle de pratiques « bizarres » dans la société, c’est sans doute parce qu’on en parle pas, qu’elles ne sont pas visibles dans la presse, féminine ou ailleurs. C’est sans doute aussi que lorsqu’on parle de sexualité finalement, l’on ne parle que de sexe, de sexe génital et on oublie le reste, qui n’est pas que sensualité mais bien partie prenante d’une sexualité, de nos pratiques variées et bandantes.

Sarah

Sarah

Sarah ne parle plus trop de cul ni d'amour d'ailleurs mais ses passions demeurent : féminisme, antispécisme, santé mentale et gingembre.