Colette

Colette, nom de plume de Sidonie-Gabrielle Colette née en 1873 en Bourgogne et morte en 1954 à Paris, est une romancière française. Son histoire est celle d’une provocatrice, qui n’a pas manqué de bousculer les mœurs de son époque, en affichant à plusieurs reprises sa bisexualité.

Dans le village bourguignon de sa naissance, dernière de quatre enfants, elle reçut une éducation laïque grâce notamment à sa mère Sidonie Landoy dite « Sido », athée et féministe. Son père, lecteur assidu des journaux lui donne goût à la lecture. Dès son jeune âge, elle dévore les grands classiques et prend des cours de français et de style. Pendant son adolescence, elle rencontre son premier mari  Henry Gauthier-Villars  dit « Willy » et l’épouse en 1893. Willy, critique musical assez influent lui ouvre les portes des salons littéraires et musicaux dans lesquels elle rencontre Marcel Proust, Anatole France mais aussi Debussy et Sacha Guitry. En 1895, Willy encourage Colette à écrire ses souvenirs d’école. Ce travail produira la célèbre série des Claudine que Willy n’hésite pas à signer de son seul nom, en occultant complètement celui de sa compagne.

Dans les Claudine, outre la protagoniste, beaucoup de personnages féminins entretiennent des relations homosexuelles. Plus tard, à 59 ans, Colette écrira ce qui pour elle restera « son meilleur livre », le Pur et l’Impur, où elle revient sur quarante années de plaisirs charnels, notamment avec des femmes : « Ne peux-tu, petit sein indiscret, nous laisser au-dessus de toi rêver en égoïstes, évoquer les pulpes, les aurores, les monts, divaguer entre les planètes, – ou ne penser à rien ? Que n’es-tu de marbre tiède, anonyme, respectueux de la paume caressante et sans desseins ? Nous ne te demandions pas ton avis, mais tout de suite te voilà sans mystère, quémandeur, et viril que c’en est une honte… »

Car, justement, si son mari Willy lui interdit de  coucher avec d’autres hommes, il n’a pas de mal à accepter qu’elle puisse avoir des relations extraconjugales avec d’autres femmes. D’ailleurs quand Colette, le quitte en 1906, excédée de ses infidélités, elle entame une relation amoureuse, restée célèbre, avec  la marquise de Belbeuf. A la même période,  la romancière débute une carrière au music-hall où elle présente des pantomimes orientales dans des tenues assez légères pour l’époque. Ce sont là ses premières années de « libération morale ». Le 3 janvier 1907, Colette présente avec la marquise (dite Missy), sous l’anagramme d’Yssim, Rêve d’Égypte, au Moulin Rouge. Le spectacle entraîne un énorme scandale. Les deux femmes simulent une scène d’amour où  Missy joue le rôle d’un égyptologue. Cette scène provoque l’interruption immédiate des représentations par le préfet de Police de Paris.

En 1912, Colette épouse Henry de Jouvenel, politicien et journaliste. Grâce à lui, elle signe alors quelques articles pour le journal Le Matin dont il est le rédacteur en chef. C’est avec lui, qu’elle aura sa seule fille Colette Renée de Jouvenel, dite « Bel-Gazou » (« beau gazouillis » en provençal). A plus de 40 ans, alors que son mari la trompe, elle initie le fils de son propre époux, un jeune garçon d’à peine 17 ans à la relation « amoureuse ».  Elle divorce de Jouvenel en 1923. Comme elle l’avait fait pour Willy dans Mes apprentissages, Colette se vengera de son ex-mari par un roman, Julie de Carneilhan.

Après l’Occupation, en 1945, alors qu’elle s’est remariée pour la troisième fois, elle est élue à l’unanimité à l’Académie Goncourt dont elle deviendra présidente en 1949. Quand elle meurt cinq ans plus tard, elle devient conte l’avis de l’Eglise catholique,  la première femme à laquelle la République accorde des obsèques nationales.

Rania