Kate Boy : »À nous quatre, on est la seule et même personne : un personnage androgyne »

Kate Boy, phénomène sur lequel Barbi(e)turix posait le doigt il y a quelque temps, est en concert ce soir à Paris pour la première fois dans le cadre de la Cocotte Club sur la scène de la Machine du Moulin Rouge. L’occasion pour nous de revenir avec eux sur un phénomène en pleine ascension. Déjà remixés par Taken By Trees et Superhumanoïds, Kate Boy, à l’image de son caractère androgyne, propose une musique à l’énergie thérapeutique. Comme la plénitude des grands espaces. Un rayon de soleil froid en plein hiver. Rencontre.

Il paraît que vous avez écrit votre première chanson, Northern Lights, le soir où vous vous êtes rencontrés. C’est vrai ?

En fait, Kate était venue à Stockholm pour écrire des chansons. On l’a rencontrée peu de temps après son arrivée via un de nos amis qui pensait que l’on s’entendrait bien, musicalement. On devait se voir pour prendre un verre mais la connexion a été tellement instantanée qu’on a très vite fini par aller directement au studio. C’est là qu’on a écrit Northern Lights oui, ce premier soir. Quelques semaines ont passées, on a fini la chanson en s’envoyant et en se renvoyant le ficher par email et on a réalisé que cette chanson était la meilleure chose qu’on avait jamais fait. Du coup, Kate est revenue à Stockholm pour quelques jours… qui se sont transformés en quelques mois et Kate Boy était né.

Pourquoi « Kate Boy » d’ailleurs ?

Quand on a essayé de trouver un nom pour le groupe on s’est rendus compte qu’on ne se considérait pas réellement comme un groupe, au sens traditionnel du terme. À nous quatre, on est la seule et même personne : un personnage androgyne. Kate Boy.

Vous étiez tous des musiciens professionnels avant de commencer Kate Boy ?

Oui, on écrivait tous pour d’autres artistes quand on s’est rencontrés, on avait tous joué dans d’autres groupes et performé, mais rien d’aussi important que Kate Boy.

Kate, pourquoi tu as décidé d’aller à Stockholm au fait ? Il y fait bien plus froid qu’en Australie…

Je vivais à Londres au moment où je suis allée en Suède pour la première fois. Pour quelqu’un qui vient d’aussi loin que l’Australie, le voyage Londres-Stockholm me semblait tellement court, qu’évident, je devais y aller. J’étais très intriguée par la scène musicale suédoise, et même si je ne connaissais personne là-bas, je voulais y aller et voir ça de mes propres yeux. J’ai beaucoup de chance d’avoir rencontré les garçons aussi vite. Ensuite j’ai fait des allers-retours, puis j’ai fini par m’installer ici. Bien sûr, l’Australie me manque beaucoup, son soleil surtout mais je rentrerai pour Noël, histoire de couper avec cet interminable hiver suédois et de retrouver un peu de soleil australien. J’aime le fait d’avoir deux chez-moi, un chez-moi à chaque extrémité du monde, et de pouvoir avoir en moi un peu du meilleur de ces deux mondes.

 

Mais pourquoi la scène suédoise est si florissante d’après vous ? À Paris, on a même un festival de musiques suédoises actuelles, c’est fou non… ?

C’est très dur de répondre à cette question, tu n’es pas la première à nous la poser, mais je crois que la personne qui pourrait le mieux répondre à cette question, c’est quelqu’un qui a évolué dans l’industrie de la musique ces trente dernières années. Cette personne aurait une meilleure vision, une vision plus complète des choses. La seule chose que je peux dire est qu’en Suède on grandit en apprenant à jouer d’instruments à l’école, le gouvernement a fait en sorte que l’apprentissage de la musique soit très accessible pour les enfants et qu’il soit fait par de bon professeurs. La Suède est un petit pays, du coup quand tu travailles dans la musique, tu rencontres vite les bonnes personnes. Ce qui nous a beaucoup aidé aussi je crois a été de ne pas doubler tous ces programmes et ces films américains quand ils ont commencé à être diffusés dans le reste du monde, comme l’ont fait tout un tas de pays non-anglophones. Cela nous a beaucoup avantagés, ne serait-ce que pour écrire des chansons en anglais. Maintenant, je crois que la raison principale à cette scène florissante… ce sont les longs hivers. Tu dois trouver quelque chose à faire, quelque chose de créatif, sinon tu deviens fou !

J’imagine ! Et sinon, vos modèles, c’est qui ?

David Bowie, Peter Gabriel, Brian Eno, Kate Bush, Kraftwerk, David Byrne… Et la liste n’est pas finie.

Adeline