Typologie #7 La militante

On est jamais trop bien informé. Afin d’apporter ses services à la grande communauté des filles et vous permettre d’éviter rendez-vous foireux et baises minables, Barbi(e)turix développe sa propre base de données systématisant les meilleures et les pires du Wild lesbian World. Aujourd’hui découvrons le profil type de la militante.

 

Nom ? Elodi-e Graziani-e

Où la trouver ? Dans n’importe quel rassemblement, die-in, happening, séance ouverte ayant attrait de près ou de loin à la cause LGBTQI+++. Et plus généralement, (puisqu’à être militante la gouine l’est jusqu’au bout) dans n’importe quelle manifestation de droits humains et de libertés individuelles. De Notre-Dame-des-Landes à une manif du STRASS, d’un flashmob en soutien à l’insurrection syrienne jusqu’à une réunion de la branche parisienne d’Occupy Wall Street. D’une marche nocturne à la mémoire d’une militante féministe jusqu’à une manif de protestation contre la cure d’austérité chypriote. D’un pique-nique végétalien aux Buttes-Chaumont jusqu’à une grève de la faim en faveur de la régularisation des sans-papiers. Pistez les sifflets et les pancartes, votre promise ne sera jamais bien loin.

A quoi ressemble-t-elle ? Comme dans le cas de la geek que nous vous exposions il y a quelques semaines, la militante ne brille pas par son « look ». Evidemment, ce n’est pas elle qui va participer à enrichir une industrie cosmétique déjà bien grassement dotée à son goût. Exit donc le maquillage, les crèmes, les après-shampoings et tous ces artifices macabres des sociétés de consommation postindustrielles. De toute façon, même à vouloir pêcher, elle n’aurait pas le temps de son hérésie : une militante vit au rythme effréné des manifs et des tractages.

Bon ou mauvais coup ? Avant de tenter l’expérience, faites vôtre cette maxime de circonstance : « Baiser est un acte politique». Une fois que vous aurez intégrer cela, ses (non) envies gagneront en lisibilité : « La pénétration ? Non merci. » Comprenez : « Il est hors de question que je participe à la perpétuation consentie du plaisir sexuel féminin en tant que fruit de l’usage véhément d’un phallus, fut-il en en mousse. » Ou encore « Un porno en guise de préliminaires ? Jamais de la vie ». Entendez : « L’industrie pornographique est un instrument idéologique aux mains du patriarcat. Céder aux sirènes des gonzos masturbatoires, c’est renforcer le système. ». Vous êtes prévenues.

Comment la serrer ? Devenir incollable sur le FHAR, le MLF, les émeutes de Stonewall, la cartographie des droits LGBTQI dans le monde. Connaître sur le bout des doigts Trouble dans le genre de Judith Butler. Féminiser tous ses mots. Exemple pratique : si celle que vous convoitez est dans une boucle mail dont vous faites vous-même partie, toujours commencer par un « Bonjour à tou-te-s ». Toujours. Cette simple attention vous fera gagner 15 points cash. Cependant, pour gagner son cœur à tous les coups, il faut user d’un stratagème un brin plus élaboré : d’abord, googleïsez : «la déforestation au Brésil », « l’exploitation des travailleurs chinois » ou quelque chose dans la même veine. Ensuite, essayez d’entrer en contact avec des militants locaux. Demandez-leur un topo de la situation sur place. Importez la cause en France au moyen d’une page Facebook « Soutien aux éléphants de Namibie/ aux aborigènes de l’océan Indien/ Etc. » Il ne vous reste plus qu’à créer un événement (à choisir dans la première phrase de l’article) et à lui envoyer une invitation.

Comment la larguer ? Parlez le « militant ». Usez de ce qu’on appelle en communication politique des « éléments de langage ». Faites des phrases à base de : « féminisme », « engagement », « universel », « patriarcat », « genre », « société », « citoyen ».

Exemple : « L’engagement est devenu un élément fondamental dans ma vie. Jamais je n’aurais cru prendre goût au féminisme. Avant, je pensais que le patriarcat était un club gay dans le marais. Honte à moi ! Désormais, j’aperçois clairement l’intérêt d’un combat universel et citoyen. Il n y a qu’en unissant nos forces qu’on arrivera à bout d’une vision binaire et donc chronophage du genre. Aujourd’hui, grâce à toi, je veux me livrer entière dans cette bataille. Malheureusement, ce combat est difficilement compatible avec une vie de couple. Je sais que tu sauras me pardonner.»

On évite de lui dire : « Me casse les couilles l’autre folasse avec ses aiguës. »

On lui dit : « Il y a une projection muette et monochromatique d’un film sur l’essor du féminisme en Asie australe à la maison des femmes ce vendredi. Tu viens ? »

 

Rania